Sherlock 21st Century
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Sherlock 21st Century

Forum RPG inspiré par la série Sherlock de la BBC
 
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MessageSujet: Sign here and I'll keep my promise.   Sign here and I'll keep my promise. EmptyLun 14 Fév - 20:17


C’était sans aucun doute une soirée rêvée pour la plupart des gens qui se massaient en bloc compact près des portes du vieux théâtre victorien, projetant fièrement son aura de lumière alentour. La nuit venait à peine de tomber sur Londres et le voile cotonneux d'un léger smog recouvrait les visages rubiconds et joviaux des spectateurs empaquetés et serrés dans des habits aussi élégants pour certains que tape-à-l’œil pour d’autres. La vague confuse et bruyante qui grossissait à mesure que les minutes passaient, grouillait dans un fourmillement intense de robes, de pardessus et de cravates à l’intérieur du bâtiment, se pressant déjà dans les vestibules intestinaux du théâtre. L’horloge majestueuse du vaste hall indiquait 20h00. Une demi-heure devait encore s’écouler avant que le spectacle ne commence et les amoureux de l’illusion et du paraître tournaient déjà comme des lions en cage. Des bribes de discussions, des éclats de rire, des exclamations discordantes fusaient de toutes part et résonnaient dans la boîte crânienne de la rouquine qui venait de franchir les hautes portes vitrées du théâtre. D’un pas hagard, elle s’arrêta hésitante quelques instants, devant l’immense affiche aux couleurs agressives placardée en face d’elle : Un homme ou plutôt l’ombre d’un homme se tenait droit, comme contemplatif, la tête tournée vers un autre immense, au regard juvénile, les traits de son visage possédant cette finesse enfantine mais secoué par un rire sardonique. D’énormes lettres rouges se découpaient sur le fond jaune acide, qui aurait rendu aveugle un chat : « FAUST ou le pacte maudit. » et plus loin, en petit "Mise en scène de William R. Hodgkin".

Les gens s’agglutinaient aux abords du théâtre et dans le hall à une vitesse déroutante ne se déplaçant qu’en petits groupes. Un peu comme des neutrons liés à d'autres par la force nucléaire. Elle se retint fortement de ne pas s'approcher à la volée d'un de ces nucléons humains pour le tirer à elle, voyant ce qui adviendrait. Son regard toujours scotché sur un malheureux groupe composé d'un homme et de deux femmes, relativement jeunes ne dû pas arranger l'image qu'elle dégageait au beau milieu du hall et ne fit au contraire qu'accroître ce violent contraste. Les robes l’effleuraient, des costards et de longs trenchs dansaient devant elle, glissant sur le parquet reluisant. Autant de visages. Comme sortie d'un long sommeil, Lux se redressa quelque peu et maladroitement tenta tant bien que mal d'aplatir ses cheveux qui formaient une étrange masse électrique bourrée d’épis. Son pull légèrement informe et très usé à la manche droite complétait ce tableau singulier.

Après avoir fait déchirer son billet par une dame d'un certain âge qu'elle gratifia d'un grand sourire, Lux entra dans la salle. Ce n'était pas la première fois qu'elle venait. Loin de là. Néanmoins c'était toujours aussi impressionant. La salle victorienne toute de pourpre vêtue, aux allures méphitiques, étincelait de ses dorures, sculptures taillées à même le mur et de son imposante fresque représentant Thalie et Melpomène, muses de la comédie et de la tragédie. Elles devaient être si bien là-haut. A surveiller le vieux théâtre, à insuffler de la force aux artistes qui se préparaient en coulisse, agitant leurs lyres fleuries et deux masques, l'un riant, l'autre pleurant. Enfin, au plafond, un fastueux lustre surplombait toute l’agitation régnante. Alors qu'elle se dirigeait vers sa place, Lux repensa à sa journée, faisant abstraction des flots de paroles qui se déversaient dans la salle à la parfaite acoustique. Plus les gens affluaient, répercutant un brouhaha interminable aux quatre coins de la salle, plus les moindres faits de sa journée lui revenaient, un à un, en mémoire. Un jeune homme. Pas plus de 40 ans, les cheveux courts, blonds cendrés. Retrouvé mort empoisonné à son domicile, à en juger par la mort-aux-rats découvert dans son oesophage. Pourtant, quand le corps avait été ouvert, la jeune femme s'était aperçue que la digestion n’avait même pas encore eu lieu alors comment cet homme avait-il pu mourir presque sur le champ ? C’était pour le moins étrange.

- La brochure du spectacle de ce soir... Passez une excellente soirée Mademoiselle.

Un employé du théâtre lui avait fourré dans les mains avant même qu'elle n’ait eu le temps de répondre quoi que ce soit un papier présentant l'œuvre de Goethe remise au goût du jour par le metteur en scène. L'homme en veste rouge s'accordant avec l'intérieur écarlate du théâtre avait déjà assené à quelqu'un d'autre une nouvelle brochure et s'apprêtait de nouveau à fondre sur une nouvelle proie. Elle jeta un coup d'œil au papier sur lequel un homme brun, à la peau incroyablement pâle l'observait d'un de ces regards dérangeants et malsains, tout en continuant de se faufiler jusqu'à sa place. Elle le feuilleta distraitement alors que la vue d'une gravure représentant un homme épouvanté devant le Diable attira son attention. Les yeux écarquillés, elle ralentit l'allure. Cette gravure. Cette homme véritablement mort de peur. Mort de peur.

-Mais oui, mort de peur !

Sa voix avait résonné dans toute la rangée, claire, assurée, véritable cri du cœur qui fit sursauter la jeune femme blonde qui la précédait et qui en lâcha son propre fascicule avant de lui lancer un regard assassin.

-Non mais ça ne va pas de crier comme ça, vous êtes malade !

La si douce remarque avait été lancé à brûle pourpoint d’une voix au moins aussi spontanée que l’illumination de la rouquine qui, un sourire béat aux lèvres, ramassa dans un élan rapide le feuillet tombé, chantonnant en sourdine, ce qui parut visiblement décontenancer sa nouvelle amie. Cette hypothèse de la mort par épouvante pouvant paraître fortement douteuse, ne l'était pas pour Lux qui la considérait comme l'évidence même. Elle se rappelait avoir étudié plus jeune d’étranges cas de personnes littéralement mortes de peur. Un cas singulier qui avait fait couler beaucoup d’encre dans les rubriques « Curiosités » à la fin du XIXème siècle. Lux se rappela nettement l’histoire de ce surveillant que des élèves pour se venger de sa méchanceté avait attaché, les yeux bandés, afin de mettre en scène son propre procès. A l’issue de ce faux procès, la peine avait été la mort par décapitation. Cette terrible farce avait rapidement mal tournée puisque quand les élèves avaient voulu asséner un simple coup de serviette mouillée sur la nuque du surveillant au lieu d’une quelconque lame, ils s’étaient aperçu que l’homme était mort de peur, le visage figé dans une expression de profonde terreur.

41G…41G… ça y’est, sa place était enfin à portée de vue, logée dans un petit renfoncement légèrement de biais, au balcon, elle constata avec satisfaction qu’elle avait de cette manière une vue d’ensemble parfaite sur le théâtre et sur ses occupants. Sans nulle doute, ce qu’elle aimait le plus dans le théâtre était la délicieuse sensation de plonger la tête la première dans un autre monde, hors du temps, hasardeux, parfois même hostile et s’y noyer jusqu’à avoir les poumons remplis de ces faciès et la peau flasque semblable à une éponge. Ce qu’elle aimait aussi était d'observer les gens. Dans ces moments là, elle n’avait que l’embarras du choix et se voyait un peu tel un collectionneur de visages humains. Elle imaginait la vie de tous ces hommes, les faisant interagir entre eux. C’était eux en réalité les comédiens. Alors que ses yeux bondissaient de personne en personne, ils s’attardèrent sur une personne. Elle ressentie alors cette singulière et fascinante impression de connaître l'homme qu'elle observait sans toutefois l’avoir déjà rencontré : Brun, grand, très grand même. Le visage fin et les yeux d’un bleu perçants avec une certaine pointe d’ironie. Il n’avait pourtant rien de si particulier et pouvait même se fondre très bien dans la masse. Alors pourquoi Lux le dévisageait-elle avec une si grande curiosité lui, et pas un autre ? Elle n’en savait strictement rien. L'homme représenté sur le livret du spectacle s'imposa dans un éclair à son esprit. Il ressemblait subtilement à l'homme qui se tenait en face d'elle, au balcon opposé.

C ’était le diable, elle était Faust.
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