Living After Midnight [PV]

Invité

LIVING AFTER MIDNIGHT

NOAH ABBERLINE – JARED NOVAK

C'est bien connu, l'argent ne tombe pas du ciel. Et de nos jours, sans argent, on ne fait pas grand chose. Le loyer par exemple, à moins de vivre chez sa mère il est légèrement impossible de vivre sans se soucier de payer son chez soi. Alors, pas le choix il faut travailler ! C'est en se disant ça que Jared était allé travailler aujourd'hui. Par ce que ça ne l'enchantait pas vraiment en fait. Il préférait travailler de nuit que de jour. Au moins il était seul et n'avait pas à surveiller grand chose si ce n'est que sa montre. De journée, c'était une autre paire de manche. Il y avait du monde, déjà. Cependant il ne savait pas ce qui était pire des fois : les touristes ou ceux qui étaient la sans savoir pourquoi. Certainement les seconds. Même les gamins étaient plus sages, c'est dire ! Travailler de nuit était si reposant à coté ! Donc travailler le soir de la fermeture jusqu'à minuit était plutôt un bon arrangement. Il y avait du monde mais le musée se vidait petit à petit et avait de moins en moins de travail pour la surveillance même. Après on ne lui demandait pas son avis. C'était ça ou il allait dormir sous les ponts ! Ainsi donc le voilà à surveiller que les visiteurs se dirigent petit à petit vers la sortie. Au moins ce soir il n'y avait pas eu d'enfant perdu dans le dédale qu'était le musée pour eux c'est une bonne chose. Par ce que c'est déjà arrivé et ce n'est pas triste c'est sûr ! Après, il n'est jamais compliqué de retrouver l'enfant perdu. Mais ce soir aucun soucis à relever. Tout se passait bien. A 18 heures, le musée était désert et pouvait fermer ses portes au public tandis que l'équipe de nuit composée de deux trois personnes prenaient le relais, sans compter les techniciens de surface, qui s'affairaient à nettoyer les lieux. C'est qu'une journée entière avec tant de personnes qui marchaient dans les galeries, forcément ça salit.

Son service touchait à sa fin et il pouvait aller retirer son costume de gardien pour son costume de civil. Se rendant dans les vestiaires il retirait ses vêtements de gardien tandis que quelques uns de ses collègues en faisaient de même. Ils étaient tous contents de terminer et de passer le relais au gardien de nuit. La plupart du temps c'était Jared mais comme vous avez pu le constater, pas cette nuit. Enfin il pu sortir du musée et retourner à sa vie. Puis il pu respirer l'air frais londonien. Frais dans la mesure du possible bien sûr. La question qu'il se posait, c'était pourquoi encore à une heure si avancée de la nuit, il y avait des gens qui restaient à squatter à l'extérieur du musée. Ce n'était pas interdit, mais au cas ou ils ne le savaient pas le musée n'ouvrira que demain c'est un peu inutile d'attendre. Après il y a des jeunes qui viennent en groupe squatter la place. A se demander quand est ce que les gens dormaient. Si les gens dormaient plutôt. Puis il y avait un type un peu … comment dire? Bizarre ? Tu sais, le genre de type que si tu étais réalisateur tu te dirais : tiens celui la je vais l'engager pour jouer le mafieux ! Ce type la. A minuit et des brouettes en plus il y avait de quoi flipper ! Pourquoi un type comme lui, le plus louche dans le coin avait il attiré son attention ? Justement par ce qu'il était louche. Louche dans le sens ou tu n'ira pas lui adresser la parole de ton plein gré. C'était comme si ce type avait un panneau au dessus de sa tête disant : foutez moi la paix. Soit. Ne demandez pas ce qui traversa la tête de Jared déjà pour s'approcher de lui et ensuite pour lui adresser la parole :

Je peux vous aider ?

Va savoir pourquoi Jared s'était senti obligé d'aller poser cette question à l'homme visiblement le moins sympathique du coin. Son coté suicidaire peut être ? Après que ce monsieur soit honoré il avait droit aux premières paroles de Jared de la journée. C'est un jour à marquer d'une pierre blanche vraiment. Pourquoi était il allé vers lui au fait ? Bonne question oui... Mais revenons à ce type. Après Jared se faisait des idées et n'avait sûrement pas besoin qu'on l'ennuie à cette heure ci. Il attendait peut être quelqu'un. Qui sait pour quoi ! S'il avait été encore flic il se serait montré un peu plus curieux. Mais ne l'étant plus, c'était juste une question comme une autre, de civil à civil. Ou de soit disant gardien de musée qui va causer au type qui est juste à l'entrée de son lieu de travail, devant son gagne pain plutôt. C'est beau la vie.

Londres est une bergerie sans bergère : des moutons ça ouais, il y en a plein, parfois tous plus abrutis les uns que les autres, des chiens aussi parfois pour les garder, et de temps à autres ou loup ou deux…mais jamais, non jamais de bergère. Et c’est bien dommage, car si une présence féminine ne rend pas intelligent tout un troupeau d’ovidés, elle permet tout au mieux d’améliorer la vue.

Le soir, les moutons se cachent. Certains peuvent encore bêler dans les rues, ivres d’alcool mais point de sang, mais jamais le cortège d’animaux ne laisse place à l’Homme. Et de temps en temps, même si c’est rare, un loup triste et famélique revêt une peau de mouton. Lui aussi il erre, il ne sait pas bêler, il ne sait plus hurler alors ne lui restent que ses silences.
Piégé au sein du troupeau, le loup se dévore de ses propres crocs…

Noah avait bu, c’était comme ça tous les soirs. Une bière, deux bières, parfois ça suffisait, parfois cela durait jusqu’au matin. Le pire étant lorsque, comme aujourd’hui, il n’avait rien d’autre à faire. Aucun petit boulot, personne à aller voir, juste la lune dehors dans le ciel. Cette bonne vieille putain de lune qui donne envie de se casser la voix par manque d’amour. Un cri gros comme le cœur et la solitude de la nuit…
Par égard pour les voisins, Noah ne hurla pas. L’homme se contentait de regarder par la fenêtre une hypothétique vie au dehors.

Et puis, tout simplement, il prit son manteau et décida d’errer un peu. Marcher n’est pas une chose difficile en soi. On peut le faire en étant triste, heureux, rêveur ou n’importe quoi d’autre. Tout comme le rire, la marche est le propre de l’homme. Ses tennis lui donnaient des ampoules, il pouvait sentir la peau brûler sous le frottement, est-ce que tout cela pouvait le rendre vivant ? Il n’y avait rien, pas un banc ou s’asseoir, mais Noah en avait-il seulement envie ? Il était ombre, oui ombre parmi les ombres sans rien, sans personne, sans but et sans rêve. De temps en temps, au détour d’une rue, un noctambule venait à croiser sa route. Certains avaient les yeux injectés de sang des drogués, d’autre la tristesse des alcooliques ou d’autres encore, tout simplement l’amertume de l’humanité. Des hommes seuls, des couples, des jeunes et des moins jeunes… Parfois un chien sans collier, parfois un chien en possédant un.
Aucun secret de caché entre les pavés, aucun palais merveilleux à atteindre, c’est une vie sans rêve, c’est le vingt et unième siècle. Noah leva les yeux au ciel, aucune étoile. Bienvenue à Londres !

Il continua d’avancer encore et encore jusqu’à un grand bâtiment : la National Gallery. Il y était déjà allé une fois, il y a longtemps. Avant même qu’il rencontre Nina… Impossible de se souvenir de ce qu’il y avait vu, un voile recouvrait tout cela et désormais la poussière s’accumulait dans ces souvenirs sans la moindre importance. Etait-ce bien le musée, d’ailleurs, là devant lui ou bien tout juste le fantôme d’un bâtiment disparu qui n’existait plus que dans sa mémoire ? Comme si l’homme possédait un esprit déformé, bien trop déformé pour laisser place à la réalité… Non ceci n’était pas un cauchemar, la Gallery était là droit devant et lui-même se trouvait à Londres. Seul.

Charon silencieux aux portes d’un Styx invisible, un homme descendait les marches du musée. Abruti par les bières du début de soirée, Noah n’avait aucunement conscience de la bizarrerie de son attitude. Personne à minuit ne se tient comme ça, les yeux tristes, les yeux noirs aussi, devant un bâtiment public. Et que pleurait-il, le loup sans meute ? Si seulement il le savait lui-même…

Charon lui adressa la parole. Que disait-il ? Noah essaya de faire un effort, d’écouter, de se concentrer… Il était pas drogué, peut être un peu saoul mais il avait connu pire. Et puis de toute façon l’homme était bizarre de nature.

Il est bien vot’ manteau….

Secouage de main, secouage de tête aussi. Non il pouvait pas l’aider, ça allait passer. Normalement…

Un peu trop bu…. Vais m’asseoir…ça ira mieux…

M’asseoir lorsque j’aurai trop marché, lorsque j’aurai trop erré.

Noah regarda Jared, il vit un mur de pierre derrière lequel se cachait un visage. Encore un être humain complexe, hein ? Hallelujah mes frères !
Enfin, il venait pas ici pour la bagarre. Pas cette fois ci, pour l’avenir il ne pouvait rien promettre…

Lentement, il tourna les talons et commença à s’éloigner. Un pas, deux pas, trois pas, quatre pas et… et on s’arrête un peu, juste un peu.

[color] La lune est bien belle ce soir, vous avez vu ? Dommage qu’on puisse pas hurler… ça me ferais du bien je crois. Je sais pas pour vous, mais moi oui. [/color]

Tiens, il y avait quelque chose dans sa poche… Ah oui ! Ses cigarettes… L’homme en ficha une entre ses lèvres et tendit le paquet vers l’inconnu, dans une proposition silencieuse. Il trouva une boîte d’allumettes, les toutes petites des hôtels, dans sa veste et alluma rapidement la cibiche. Ca faisait du bien de fumer, ouais…

Hello futur cancer du poumon, tu viens me dire bonne nuit ?

Cette simple pensée le fit éclater de rire. Un fou, un soir avec un inconnu. Fin de l’histoire ou bien les deux personnages allaient il pouvoir trouver comment parler ?

Qui sait, le monde est plein de surprises…

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