Sherlock 21st Century
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Sherlock 21st Century

Forum RPG inspiré par la série Sherlock de la BBC
 
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 Don't fear the psychologist | Lukas D.

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Sherlock Holmes
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Sherlock Holmes

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Don't fear the psychologist | Lukas D. _
MessageSujet: Don't fear the psychologist | Lukas D.   Don't fear the psychologist | Lukas D. EmptyDim 22 Jan - 20:22



Les défis étaient une monnaie bien connue des frères Holmes. À vrai dire, leur fraternité se basait sur cette rivalité constante : les paris s'enchaînaient, sur des remous doux ou bien amers, les séparant et rapprochant à tour de rôle. Et ce, depuis bien trop longtemps pour que l'un ou l'autre puisse se souvenir comment toute cette histoire avait commencé.
Mrs. Holmes avait laissé passer bien des disputes, dans l'espoir que, avec l'âge, ses deux chers fils seraient assez matures pour faire la paix ou au moins, mettre de côté leurs différents. Malheureusement, si les années sont inévitables, les deux frères avaient contourné la maturité et la sagesse et retombaient immanquablement en enfance lorsqu'ils étaient à proximité l'un de l'autre. C'était une réaction chimique qui ne manquait jamais de se déclencher.
Si autrefois, c'était un besoin de s'affirmer comme le nouvel Homme de la maison depuis le départ du père -mêlé un peu au complexe d'Oedipe sûrement-, mais maintenant, il s'agissait simplement d'une vieille habitude bien ancrée.

Mycroft était plus perspicace, plus intelligent que son cadet et il gagnait rapidement à la chasse du Point Sensible. Précisément, ce jour-là, il avait visé dans le domaine scientifique et avait tiré sur sa plus belle cible :

-Tu sais ce que l'on dit sur les gens qui dénigrent les psychologues, Sherlock : que ce sont des idiots qui refusent de faire face à la vérité.

Le violon grinçait à Baker Street, offrant une série de notes maltraitées par l'archet. Mais le bourreau qui tenait l'instrument taillada deux La trop aiguës, bien malgré lui. Sherlock écarta l'archet, l'abaissant vers le plancher et regarda son frère. Un regard travaillé qui n'exprimait que la provocation.

-Tu parles à quelqu'un qui ne croit qu'en rien d'autre que la vérité, Mycroft.

-À propos des crimes et sur les autres, oui. Mais je sais pourquoi tu n'as jamais osé consulter un psychologue. Bien que tu ne consultes jamais un médecin tout simplement...

Ajouta Mycroft dans un soupir. Béni soit John d'être un médecin généraliste et précieux locataire de Sherlock : la santé du cadet semblait plus sûre qu'autrefois, ce qui équivalait à un poids d'inquiétude en moins sur les épaules de Mycroft.

-C'est vrai que tu sais faire face à la vérité en consultant un diététicien aussi régulièrement. Mais tous les médecins ne sont pas compétents, malheureusement.

Sherlock avait la fâcheuse tendance de viser toujours le même point sensible. Mais on ne change pas une équipe qui gagne.
Les piques fusèrent durant au moins une bonne demi-heure. Mrs Hudson regardait probablement la télévision et John était sorti faire des courses : il n'y avait donc aucun spectateur, et par conséquent, l'identité vainqueur restera un secret entre les deux frères orgueilleux. Pourtant, Mycroft savait qu'il était le gagnant de la partie, jusqu'à nouvel ordre. Jusqu'à ce que Sherlock ose aller à l'encontre d'un psychologue, un médecin pour déceler les troubles mentaux, quelqu'un qui vous met face à votre vraie personnalité, vos vraies frayeurs... Sherlock ne s'était effectivement jamais allongé sur un sofa pour parler de ses rêves, de ses pensées courantes, de ses problèmes sociaux. Pour consulter un psychologue, il fallait déjà reconnaître qu'il y avait quelque chose qui clochait chez nous : le reconnaître et être prêt à y faire face.
Peut-être que Sherlock n'avait jamais eu le courage -ou le temps, dirait-il plutôt- de s'y attarder. Il pensait être assez intelligent pour pouvoir s'analyser lui-même alors que l'orgueil faussait bien des jugements. Un avis neutre, objectif était au-dessus de n'importe quel génie.

Trois jours passèrent alors que le détective ruminait. John supposait que le calme pesant de Londres lui avait coupé la langue et toute envie d'agir normalement. Mais même si le manque d'activité avait effectivement un effet négatif sur le cerveau de Sherlock, la vraie cause était ce défi qui s'éternisait et que le cadet endossait le rôle de perdant.
Finalement, il se jugea assez intelligent pour rencontrer un psychologue et éviter de faire réellement face à ses problèmes. Il aurait été tenté de demander l'adresse de la psychologue que John consultait lorsqu'ils venaient de se rencontrer -bien qu'il n'était plus allé la voir depuis des mois et qu'elle jugerait Sherlock doté d'un certain culot pour aller la voir... Bien que oui, dans le fond, il avait un certain culot- mais Mycroft savait que son cadet allait employer la facilité et avait ajouté, avant de quitter Baker Street :

-La psychologue de John a tendance à se tromper lourdement. Le jeu n'en vaudrait pas la chandelle si tu allais la consulter. En revanche, elle a d'excellents collègues, comme le Dr. Dalloway par exemple, sur Florence Street.

Certes, Sherlock avait fait la sourde oreille, mais entre deux grincements de violon, le nom s'était imprimé dans sa mémoire. Et une rapide recherche sur Google avait donné l'adresse exacte du lieu de son "défi". Si le Dr. Dalloway était si qualifié, il ferait un partenaire satisfaisant et Sherlock serait fier de revenir auprès de son frère avec une victoire.
Si il s'en sortait avec une victoire. Bien qu'orgueilleux, Sherlock évitait de se laisser porter sur trop d'aprioris avant d'avoir rencontré son futur, et tout premier, psychologue.

Sherlock quitta Baker Street sans dire un mot. John était habitué à ces départs silencieux et lui-même ne prenait plus la peine de signaler à son colocataire lorsqu'il sortait. Le taxi fila vers le Nord-Est pendant que Sherlock, soucieux, se lançait dans certaines hypothèses à propos des psychologues. Émettre une série de faits sur Lukas Dalloway sans rien savoir de lui, hormis son numéro de téléphone, son adresse et sa profession, serait bien trop risqué et amènerait des préjugés solides. Mais les psychologues en général ? Lui proposerait-il un fauteuil ou bien un sofa ? C'était tellement cliché depuis l'aire Freudienne, mais pas impossible. Mais tout dépendait de quel courant de la psychologie Lukas Dalloway se rattachait. Que faisait exactement un psychologue ? Posait-il des questions ou se contentait-il d'écouter son patient ? Encore une fois, tout dépendait du médecin encore inconnu.

Lorsqu'il paya le taxi, il remarqua que ce n'était pas un hôpital mais deux cabinets se côtoyant dans un bâtiment modeste, qui aurait très bien pu faire l'affaire également pour deux avocats ou deux dentistes. À en juger par les deux plaques, l'une intitulée Dr. James McKelcken, surmontée par une seconde portant le nom de Dr. Lukas C. Dalloway, qui étaient encore très récentes, les deux psychologues avaient pris les rennes du métier que très récemment.
Le détective sonna pour le nom de Dalloway avant de pousser la porte du bâtiment. Le hall était plutôt froid et vide, il y avait bien une secrétaire mais elle ne relevait la tête que lorsque le téléphone sonnait. Sûrement qu'il fallait solliciter son aide pour savoir son chemin ou elle ne viendrait jamais d'elle-même. Sherlock entendait un peu plus loin des voix qui résonnaient, aussi lugubrement que durant un triste cours d'Histoire. Devant la porte où on entendait les diverses prises de parole, les chuchotements, le nouveau patient pouvait lire le nom de McKelcken. Il fit alors demi-tour pour faire face à la porte derrière lui. Sans que la secrétaire ne lui pose la moindre question.

La salle d'attente était des plus petites mais ne manquait pas de lecture. Si pour certains les magazines sur les stars ou la médecine douce constituaient une véritable lecture, en tout cas. Les heures d'attente devaient s'étendre sur l'horloge qui tiquait au-dessus du porte-manteau. Les quelques tableaux accrochaient ne représentaient aucune figure du test de Rorschach et puis, trop terre-à-terre, Sherlock n'aurait décrit les formes que comme des petites tâches noires et symétriques. En somme, la salle d'attente était un coin tranquille où on pouvait palper la timidité qui se dégageait des patients.
Ou plutôt, qui devait se dégager des patients, puisque dans la pièce, il n'y avait qu'une femme. Au vu de sa sérénité, soit elle n'était pas pressée, soit elle attendait le patient dont Lukas avait la charge actuellement. Tant mieux, Sherlock n'aurait pas à attendre trop longtemps.

Il adopta une expression morose et s'assit sur le siège en face de la dame. Stimulant des spasmes dans ses muscles, il plongea son visage dans ses mains et dissimula une plainte dans un soupir. Sa voisine leva les yeux de son roman et observa le nouveau venu, un air compatissant. La tragédie du monde semblait s'abattre sur lui tant ses épaules était voûtée et que son échine semblait prête à se rompre. Comment ne pas apporter un peu de réconfort ?

-Ne vous inquiétez pas, le Dr. Dalloway est un très bon médecin. Il s'occupe de mon fils depuis quatre mois et Alfred va beaucoup mieux.

Dit-elle en poussant le paquet de mouchoir vers l'homme déprimé. Elle lui offrit un sourire maternelle, se montrant compréhensive en matière de malheur et de chagrin.

-Me-Merci, Madame...

Sherlock extirpa un mouchoir et sécha les larmes dans ses yeux, recouvrant ensuite sa bouche avec ses mains pour contenir de nouveaux sanglots. La femme reprit la lecture de son roman mais resta attentive aux gémissements du jeune homme.
Au moins, elle venait de confirmer qu'elle n'était pas une patiente.
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MessageSujet: Re: Don't fear the psychologist | Lukas D.   Don't fear the psychologist | Lukas D. EmptyMer 1 Fév - 10:35


Le monde était parfois tellement petit qu’on pouvait honnêtement se poser la question : est-ce qu’il y avait quelqu’un ici-bas pour lui donner un petit coup de main ? Quelqu’un dont le rôle serait de s’immiscer dans les affaires des êtres humains pour mettre à exécution les coups tordus que le destin, avec son bandeau noir sur les yeux, distribuait à tout va avec une délectation évidente. Lukas ne croyait pas en Dieu, mais parfois il se demandait si le Mephistopheles du Docteur Faust lui n’était pas réel. En tout cas c’était la question qu’il s’était posée la veille lorsqu’à la fin de sa pause déjeuner, sa laconique secrétaire lui avait lancé :

« Un M. Sherlock Holmes a pris rendez-vous pour demain à 10h. »

Il avait haussé un sourcil étonné mais n’avait pas voulu commenter l’évènement en sa présence. Elle n’était pas méchante mais…Son impassibilité et son indifférence à tout ne lui donnaient guère envie de se laisser aller aux confidences et encore moins de lui parler de ce patient particulier qui semblait lui tomber du ciel. A vrai dire il se demandait pourquoi cette femme était devenue secrétaire médicale, elle qui n’avait aucun intérêt pour ses semblables ni quoi que ce soit en dehors de ses ongles qu’elle manucurait pratiquement en permanence. Quand il lui faisait part de ces réflexions, James haussait les épaules et lui répondait que du moment qu’elle ne devenait pas psy, on pouvait se considérer à peu près sauf. Bref.

La veille en rentrant chez lui après le travail, il n’avait pas résisté à la tentation d’aller faire un tour sur le site web du Docteur Watson. Il le consultait régulièrement, se rendant compte par lui-même des progrès –ou rechutes…- de l’ancien patient de sa collègue. Il fallait dire que sa « guérison » ne s’était pas faite en empruntant le chemin habituel de la thérapie : il semblait au contraire que c’était la fréquentation de ce détective privé qui ait rendu à John non seulement l’usage complet de sa jambe, mais aussi tout ce qu’il croyait avoir perdu depuis son rapatriement. Sa dépression s’était nettement améliorée au contact de cet homme excentrique, là où des centaines d’autres patients étaient parfois contraints d’avoir recours à un traitement médical. Tant mieux en un sens, savoir se reconstruire grâce à quelqu’un plutôt que des cachets était infiniment plus bénéfique… Mais il fallait prendre garde aux effets secondaires.

Après avoir constaté qu’il n’y avait pas de nouveau post depuis la dernière fois, il était allé se coucher non sans avoir l’esprit envahi de toutes sortes de questions auxquelles il n’aurait une réponse que le lendemain… Dont la plus importante : qu’est-ce qui avait bien pu pousser Sherlock Holmes jusqu’au cabinet d’un psychologue ? Et à plus forte raison le sien ? Il ruminait encore ces deux interrogations lorsque le sommeil l’emporta enfin, sans se douter qu’en fait de Mephistopheles c’était le frère aîné du détective qui avait fait un pari avec son cadet, et que lui-même n’était au final qu’un outil dans la partie d’échecs qu’ils se livraient en permanence. Ceci dit s’il l’avait su, cela lui aurait sûrement donné matière à réfléchir à une nouvelle dimension du cas Holmes.

Le lendemain matin il s’était réveillé cinq minutes avant que son réveil ne se mette à sonner. Prenant rarement son petit-déjeuner chez lui, il s’était contenté de prendre une douche et de s’habiller rapidement avant de mettre les voiles pour Florence Street. Comme à son habitude, il fit une halte en route au Caffe Nero où il sortit le dossier de son premier patient de la journée pour le relire rapidement. Le petit Alfred, son patient depuis maintenant quatre mois, traversait une passe difficile à cause du divorce de ses parents et avait entre autres décroché à l’école, participé à des bagarres, piquait des colères et se renfermait dans un silence complet lorsque ses parents l’interrogeaient. Il avait eu deux autres psychologues avant d’arriver dans son cabinet, et depuis il constatait un certain progrès. La pilule était toujours très difficile à faire passer, mais au moins il ne se battait plus dans la cour, et si ses notes étaient toujours basses sa mère témoignait du travail qu’il fournissait à la maison. Il avait simplement accumulé trop de retard pour tenir la route. Il était en bonne voie, estimait-il, et ce n’était plus qu’une question de quelques séances avant qu’il ne puisse de nouveau se passer de lui. Parcourant rapidement les notes qu’il avait prises pendant leurs deux dernières séances, il jeta un coup d’œil à sa montre, se hâta de finir son café et rangea son dossier avant de se remettre en route. La petite demi-heure qui le séparait encore du cabinet fut vite avalée et en arrivant il trouva Alfred et sa mère déjà prêts dans la salle d’attente.

« Good morning Mrs. Danes, Alfred ! » lança-t-il joyeusement en ouvrant la porte de son bureau. « J’espère que je ne vous ai pas trop fait attendre ? » « Du tout docteur, nous sommes arrivés il y a à peine cinq minutes. » répondit Mrs Danes en souriant. « Formidable. Alfred, à nous deux mon bonhomme ! A tout à l’heure Mrs Danes. »

Alfred sauta de sa chaise et suivit le jeune psychologue à l’intérieur, s’installant d’office sur son fauteuil fétiche.

« Je t’écoute Alfred. Raconte-moi un peu ta semaine. » lança Lukas en s’asseyant à son tour. « Eh bien, à l’école lundi… »

[…]

« Bien, je pense que nous en avons fini pour aujourd’hui… Est-ce votre dernier mot, M. Danes ? » demanda Lukas avec un air faussement solennel qui fit sourire le garçon. « C’est mon dernier mot docteur. » « La suite de l’émission la semaine prochaine ! Allez, allons retrouver ta maman. »

Sans se faire prier Alfred sauta de son fauteuil et précéda le thérapeute dans la salle d’attente où l’attendaient Mrs Danes et une deuxième personne que Lukas n’avait encore jamais vue… Mais comme il était maintenant 10h, il fut immédiatement convaincu qu’il s’agissait de M. Holmes. S’efforçant de rester concentré sur Alfred encore une minute, il reporta son regard sur la mère de ce dernier pour lui dire que l’enfant était en nets progrès et qu’il n’aurait bientôt plus besoin de lui. La nouvelle causa un grand soulagement à Mrs Danes, et ils convinrent de s’appeler pour parler d’un éventuel redoublement.

« On se voit la semaine prochaine, Alfred ? » « Oui docteur ! » fit le petit garçon en tapant dans la main que lui tendait Lukas, leur rituel d’adieu depuis presque quatre mois. La mère et le fils quittèrent le cabinet et il put enfin s’intéresser à son nouveau patient, sûrement le plus intriguant de la journée. Car il aurait tout imaginé, sauf accueillir un Sherlock Holmes sanglotant dans son bureau.

« M. Holmes ? Je suis le docteur Dalloway. » se présenta-t-il en tendant la main au détective qui s’était levé.

Sherlock Holmes ressemblait beaucoup au portrait qu’il s’en était fait à la lecture du blog de Watson. Très grand, tellement mince qu’il en paraissait maigre, pâle aux cheveux noirs comme les ailes d’un corbeau, les traits ciselés et des yeux gris inquisiteurs bien qu’à présent humidifiés par les larmes. Il ne devait pas être beaucoup plus âgé que lui. Avec ce sourire rassurant qui semblait être sa marque de fabrique, il accompagna son patient dans son bureau. La pièce n’était pas bien grande, mais elle était confortable et Lukas avait mis un point d’honneur à faire en sorte que ça ne ressemble pas à un cabinet médical. A vrai dire la pièce ressemblait plus à un confortable salon qu’à un cabinet de psychologue, avec son tapis persan, ses trois fauteuils, la table basse qui trônait au milieu, sa bibliothèque dont il lui arrivait d’utiliser les livres avec ses patients… Le seul détail qui pouvait évoquer autre chose était le bureau installé dans un coin, mais le chêne dans lequel il était fabriqué se fondait pratiquement dans ce décor aux couleurs chaleureuses qui rappelaient un peu ces salons de l’ère victorienne et dont on aurait pu trouver la description dans un livre de Virginia Woolf. Ramassant sur la table les quelques dessins qu’Alfred avait fait pendant la séance, il les rangea soigneusement dans son dossier avant de le placer avec les autres dans un tiroir de son bureau.

« Je vous en prie asseyez-vous M. Holmes… Mettez-vous à l’aise.» l’invita-t-il avec amabilité en indiquant les fauteuils d’un geste de la main. Point de divan sur lequel s’allonger, Lukas avait appris avec l’expérience que beaucoup de patients se sentaient mal à l’aise ainsi allongés, à la « merci » de leur psychologue. Or pour Lukas, le confort et la confiance primaient avant tout, surtout avec un patient qui arrivait les yeux rougis... Il sortit d’un autre tiroir un dossier vierge où il inscrivit le nom de Holmes et le laissa sur le bureau. Il ne prenait presque pas de notes en consultation, réécrivant tout juste après afin de privilégier la discussion au moins dans les premiers temps.

« Bien… Nous allons pouvoir commencer. » lança Lukas sans se départir de sa tranquille bonne humeur. « Voulez-vous du thé, du café ? Ca aide parfois à rassembler ses idées. » ajouta-t-il avec un sourire.

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MessageSujet: Re: Don't fear the psychologist | Lukas D.   Don't fear the psychologist | Lukas D. EmptyMer 21 Mar - 18:57



Les larmes, qu'elles s'écoulent d'une peine profonde ou imaginaire, restent impressionnantes par la fatigue qu'elles laissent sous les yeux. Après une terrible crise de sanglot, le nez et les paupières semblent brûler jusqu'à ébullition, et seul le sommeil semble capable d'apaiser cette douleur.
Avant de ressentir ces contrecoups et de regretter amèrement sa mascarade, Sherlock calma sa respiration et ravala le reste de ses larmes. Qui sait dans combien de temps il pourrait se retrouver face au Dr. Dalloway ? Mieux valait attendre paisiblement.

À vrai dire, le temps passé à observer la salle d'attente et son unique voisine fut plus court qu'il ne l'avait espéré. Il était bientôt 10 heures lorsque la porte aux mystères s'ouvrit enfin, déclenchant par la même occasion une reprise du manège des larmes. Deux visages nouveaux, à la même expression enfantine et aux traits remplis de vie, donnèrent l'impression qu'au-delà de ce panneau de bois régnait une harmonie parfaite. Les patients ne pleuraient donc pas toute l'heure sur l'épaule d'un docteur qui prenait des notes ? Sherlock, peu convaincu, observa le plus attentivement possible le visage du garçon. Mais même avec ses yeux brumeux, les détails flous confirmaient que l'enfant sortait vainqueur d'une nouvelle séance avec le Dr. Dalloway. L'air épanoui de sa mère accentua cette petite déduction routinière.

« M. Holmes ? Je suis le docteur Dalloway. »

Par mesure de politesse et de naturel, Sherlock serra la main que lui tendait son médecin d'une poigne moite et fébrile. Il articula un « bonjour » entre deux soupirs difficiles.
Si Sherlock se vantait régulièrement d'une santé de fer et d'une mentalité à toutes épreuves ─un peu à tort et à travers─, sûrement que dans d'autres circonstances, sa réaction aurait été des plus honnêtes. Car, lorsque l'on consulte un psychologue pour la première fois, avec tous les aprioris qu'on peut entendre, il y avait toujours cette frayeur face à l'inconnu, avec cette grande porte qui s'apprête à nous happer. Pas pour nous plonger dans une pièce où la monnaie courante est la causette, mais pour nous obliger à mener une auto-dissection sur des organes en train de pourrir que l'on préfère oublier plutôt que de les amputer.
La peur du mystère chez le psychologue, personnage farfelu et ambigu ou le mystère dans notre propre tête, qui se développe comme une tumeur à notre insu ? Sûrement que si Sherlock avait pris cette histoire plus au sérieux, que cette petite tumeur, qui aurait porté le nom de Moriarty, qui aurait porté le visage de Moriarty... Alors sa réaction effrayée ne serait pas de la comédie.

Mais grande surprise : dans cette pièce qui devait regorger de trésors lointains et inconnus, Sherlock ne trouva qu'une ambiance de salon de thé, une salle de séjour que tout anglais domestiqué a chez lui. Les fauteuils ne s'allongeaient pas pour soutenir un corps entier, ils se tenaient sur leurs quatre pieds, fermement, pour redresser les rêveurs et les anxieux. Lukas Dalloway l'invita à prendre place alors que Sherlock était passé à une analyse rapide du bureau dans un coin de la pièce, se demandant si son adversaire allait prendre place face à lui ou bien s'il irait plutôt se cacher dans la paperasse. Sûrement qu'il s'agirait d'un face à face.
Lorsque le détective s'installa, il essuya son visage avec un mouchoir et stoppa toutes ces larmes superflues. Il inspira une grande gorgée d'air pour se remettre d'aplomb :

─ Une tasse de thé, oui, avec un sucre. Merci.

Il avait ponctué sa réponse avec un sourire bien moins enjoué et sympathique que celui du Dr. Dalloway. Rictus crispé qu'il perdit aussitôt à la fin de sa phrase : après avoir endossé le masque du nouveau patient mal à l'aise, l'homme qui s'efforce d'être cordial, Sherlock Holmes redevenait Sherlock Holmes. Les traits de son visage s'emmurèrent dans une expression fermée, concentrée. Il attrapa du regard quelques titres d'ouvrages sur la bibliothèque derrière le psychologue mais rien de révélateur en soi. Puis, il se pencha vers le tapis, frottant la paume de sa main la surface détaillé avant d'observer les bords et coins à quatre pattes, inspectant l'usure des fils. Il étudia le fauteuil à sa gauche : le coussin était légèrement bossé et la place encore tiède. Le petit Alfred s'était tenu là lorsqu'il avait confié ses secrets au médecin. Peut-être avait-il même dessiner, exprimant des couleurs et des formes, mais aucune trace de feutre ou de papier sur la petite table en face de lui. Il ne semblait pas avoir pleuré, la boîte de mouchoirs était du côté droit de la table.
Sherlock s'était redressé en regardant plus attentivement l'ensemble de la pièce. Après avoir eu une vue plutôt satisfaisante, il reprit place.

Les yeux désormais secs, la curiosité à l'affût, Sherlock se cala dans son fauteuil pour analyser complétement Lukas Dalloway en lui-même. Même avec la vision dégagée, l'homme avait toujours ce visage enfantin, toutefois bien loin de l'adolescent ou d'un quelconque retard génétique, ses traits suggéraient plutôt une certaine candeur. Les grands yeux et le sourire jouaient sûrement un rôle à cette impression. Mais il était encore trop tôt pour le qualifier d'altruiste accompli. D'autres détails, en revanche, pouvaient en dire un peu plus sur le Dr. Dalloway...

─ Les gens ont toujours tendance à voir les psychologues comme des personnes neutres, des placards vides où l'on peut entasser tous nos tracas. Mais chaque vie ici-bas à ses casseroles, n'est-ce-pas ? Comme votre petit soucis pour la propreté peut-être. Votre tapis est usé par les allers et retours de l'aspirateur et une femme de ménage, à moins d'avoir un excellent salaire ce qui serait étonnant dans un cabinet aussi modeste, ne se tuerait pas à la tâche comme vous le faîtes.

La table trahissait également une odeur de cire d'abeille plutôt récente, en plus de luire malgré les petites cicatrices du temps qui avaient marqué le bois. Lukas Dalloway lui-même faisait très soigné mais pas à l'excès. Un maniaque se remarquerait avec une tache sur sa chemise qui le ferait angoisser ou face à une autre situation semblable. Et son sujet n'avait rien manifesté jusqu'à présent.

─ Je pourrais rajouter aussi que malgré vos sourires, vos cernes trahissent une nuit particulièrement agitée. Peut-être à cause d'un drame récent dans votre famille. Il ne peut pas s'agir d'une affaire conjugale, vous n'êtes pas marié et encore moins divorcé., Sherlock continua sa tirade en jetant un regard sur les mains du psychologue. Ou alors le poids de tous vos patients et leurs malheurs, qui ne doivent pas être sans conséquences sur un psychologue aussi jeune. Mais cette déduction serait relativement facile.

Son colocataire, John, malgré leur amitié, lui avait souvent fait le reproche de se pavaner bien trop souvent et de façon exubérante avec des déductions qui mettaient les gens mal à l'aise. Mais, encore une fois, malgré leur amitié, Sherlock était bien loin de fournir un quelconque effort pour laisser ses congénères et leurs secrets en paix.

─ Je suis détective consultant et mon métier repose sur des déductions, ces éléments en disent long sur les personnes. Mais je suppose que la psychologie a aussi recourt à ce genre de méthode ?

Sherlock, contrairement à d'autres, voyait la psychologie comme une branche scientifique. Quand il ne s'agissait pas de constats mièvres et légers, c'était une discipline avec énormément de ressources et de découvertes essentiels, pour le monde et son propre métier. Le soucis était les psychologues, il les considérait d'un mauvais œil, comme un enfant qui joue plus la première fois d'un instrument sans savoir trop l'utiliser, Sherlock les voyait comme des novices incapables d'user de leurs précieux moyens convenablement. Autant dire que le détective orgueilleux mettait les psychologues et les policiers dans le même panier. Et après réflexion, il pouvait mettre le reste du monde dans ce panier.

Pourtant, il n'avait jamais osé aller consulter un psychologue. Sûrement par crainte de se mesurer à un égal. Un Moriarty freudien, lisant du Alfred Binet et du Daniel Lagache en expliquant les théories de ses prédécesseurs et écoutant les rêves des autres. L'idée en elle-même était particulièrement effrayante...

Sherlock releva légèrement le visage, s'exposant à son psychologue.

─ Quelles sont vos premières déductions pour mon cas, Dr. Dalloway ?

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