Sherlock 21st Century
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Sherlock 21st Century

Forum RPG inspiré par la série Sherlock de la BBC
 
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 Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony

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Harmony Taylor
Scotland Yard | If évasif, approximatif
Scotland Yard | If évasif, approximatif
Harmony Taylor

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Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony _
MessageSujet: Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony   Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony EmptyDim 28 Aoû - 18:28

« Allez Taylor, viens avec nous ! C’est pas tous les jours que McCarthy part à la retraite quand même ! »
Non. Ce n’était pas tous les jours, mais un jour, c’était déjà un de trop, visiblement.
« Allez, fais pas ta rabat-joie ! Viens au moins pour un verre… Juste un, promis ! »
Bon, si c’était juste un… Harmony avait soupiré et s’était laissée traîner par ses collègues dans un bar de Soho pour fêter le départ à la retraite d’un des inspecteurs de la brigade des mineurs, un type sympa mais un peu bourru appelé Frderick McCarthy. Elle ne le connaissait pas, pas personnellement. Elle ne connaissait pas grand monde personnellement, au boulot. Elle n’avait jamais fait l’effort d’aller vers ses collègues, et eux avaient dû être rebutés par son silence, son regard à la fois méfiant et impassible, ou alors ils ne l’avaient tout bonnement pas remarquée, ce qui en soit n’aurait rien de surprenant. Elle avait toujours eu un don pour passer inaperçu et ne s’en était jamais plainte. Alors pourquoi fallait-il qu’ils pensent à elle pour ce pot d’adieu ? Parce qu’elle était passée par hasard dans le même couloir qu’eux au moment où ils fomentaient ce projet devant la machine à café en parlant fort et en riant à gorge déployée en se remémorant les exploits passés de leur collègue ? Si c’était ça, le hasard faisait bien mal les choses, contrairement à ce qu’on pouvait bien raconter là-dessus.
C’était donc la mort dans l’âme qu’elle avait suivi une petite dizaine de ses collègues dans le métro, puis dans un bar du quartier de Soho. Elle n’avait pas ouvert la bouche de tout le trajet et personne ne semblait s’en être formalisé, ni même s’en être rendu compte. Tant mieux, manquerait plus qu’on la force à faire la conversation, tiens. Un verre, se disait-elle. Un verre, puis elle inventerait une excuse pour rentrer et filerait ni vu ni connu après avoir accompli sa bonne action du jour. Oui, elle rentrerait, elle se ferait un grand bol de chocolat chaud qu’elle boirait sur son canapé avec son chat Doc, devant un vieux film comme « My Fair Lady », ou encore un bon vieux Hitchcock. Ce programme alléchant la motiva pour arriver au bar encore plus vite, pour en partir après avoir bu ce satané verre avec ses collègues. Non pas que ses collègues soient insupportables, c’est juste qu’elle n’aimait pas sortir. Casanière et solitaire, et elle l’assumait pleinement.
Quand ils sortirent du métro, elle se renfrogna légèrement. Elle n’aimait pas vraiment ce quartier, sombre, mal famé et remplis de sex shops et autres boutiques du même goût. Dans quel genre de bar allaient-ils l’emmener ? Auraient-ils oublié qu’il y avait une femme avec eux ? Quelques mètres plus loin, ils poussèrent la porte d’un pub qui portait l’enseigne du « Smoking Gun ». Sympathique comme nom. Et ô combien original pour un ancien flic. Si la blague pouvait être amusante, Harmony n’était pas d’humeur à en rire. Elle ne riait pas de grand-chose de toute façon.
Elle se lassa happer par l’atmosphère étouffée de l’endroit, retira son blouson de cuir noir et se laissa choir sur une banquette. Un peu nerveuse, elle cala une mèche de ses cheveux sombres derrière son oreille et fit semblant de s’intéresser à la carte des boissons. Les manches de son pull marine couvraient presque entièrement ses mains. Dans ce bar où tout le monde riait et parlait fort, elle détonnait par son silence et son air absent, et pourtant personne ne la remarquait.
C’est alors que l’un de ses collègues, Adams, la poussa du coude et, en affichant un grand sourire, lui montra l’estrade sur laquelle trônaient un vieux piano et un micro. Elle eut peur de comprendre.

« Hé Taylor, je t’ai entendu fredonner l’autre jour devant la machine à café. T’as une jolie voix, tu sais ! Tu nous chanterais pas quelque chose ? »

Elle refusa d’abord poliment, mais elle fut obligée de rendre les armes devant leur insistance à tous, surtout quand ils commencèrent à scander son nom en chœur. C’avait été plus qu’elle ne pouvait en supporter. Elle s’était levé, la mort dans l’âme, et était montée sur l’estrade à pas lents, comptés, avec autant d’enthousiasme que si on l’avait conduite à l’échafaud. Son cœur avait atteint un rythme démesuré, et elle se dit que c’était un miracle qu’il n’ait pas encore lâché. Ses oreilles bourdonnaient et elle devait se concentrer pour empêcher ses genoux de trembler. Dieu qu’elle détestait ça. Dieu qu’elle les détestait, eux, de lui imposer une telle torture. Elle ne supportait pas de chanter en public. Elle ne supportait pas qu’on la regarde. Qu’on l’observe. D’être écorchée par leurs regards acérés.
Il fallait qu’elle chante. Plus vite elle aurait chanté, plus vite le supplice s’achèverait. Trouver quelque chose, vite.
Elle entonna les premières notes avec sa voix douce, feutrée, un peu voilée. Une phrase. Puis deux. Elle se sentait mourir, tous ces regards brûlants braqués sur elle.
C’est alors qu’elle la vit.


*Elle ?*

Harmony s’immobilisa devant la fenêtre du bar. Elle n’était plus à Soho mais dans Fleet Street, quelques jours après l’incident relaté plus haut. McCarthy était bien parti à la retraite, et la performance vocale d’Harmony avait été oubliée. Tant mieux.
Elle rentrait d’une journée passée aux archives à Scotland Yard pour faire du tri –ces archives ressemblaient décidément de plus en plus à une jungle !- et un souci de métro l’avait forcée à marcher dans cette rue assez peuplée plutôt que de faire tout le trajet dans les transports. Emmitouflée dans son manteau, les mains enfoncées dans les poches de son jean, elle regardait par terre, et aurait pu ne pas la voir si des sifflements provenant du bar n’avaient pas attiré son attention. Elle avait levé les yeux, jeté un œil par la vitre par vraiment propre, et elle l’avait aperçue.
Cette fille qui s’était levée au Smoking Gun et était montée sur l’estrade pour l’accompagner. Elle n’en avait pas cru ses yeux, puis avait décidé de ne pas se poser de questions et de se retrancher derrière cette aide providentielle. Accompagnée, elle s’était sentie moins exposée, moins vulnérable.

Après un instant d’hésitation, Harmony entra dans le bar. Il n’était pas plus reluisant que celui de l’autre soir, mais il y avait un peu moins de monde. La jeune femme était sur l’estrade et chantait, accompagnée par rien d’autre qu’une bande son pré-enregistrée comme dans un karaoké. Harmony s’avança et se cala dans un coin de la pièce, sans retirer son manteau ni s’asseoir à une table. Elle ne voulait pas boire, elle voulait juste voir cette fille, sa sauveuse d’un soir.
Harmony la trouva superbe. Elle n’était probablement pas originale, mais cette inconnue était indubitablement belle. Harmony admirait son port de tête noble et fier, ses mains aux longs doigts fins et délicats, la manière dont ses cheveux bruns s’échappaient de son chignon pour retomber en boucles autour de son visage fin et ciselé. Elle avait la grâce d’une duchesse et le magnétisme de la plus charismatique des femmes. Sans pouvoir s’expliquer pourquoi exactement, cette femme fascinait Harmony, elle qui pourtant s’appliquait à mettre de la distance entre elle et les autres. Elle se sentit aussi incroyablement insignifiante, à côté d’elle. Trop grand, trop maigre, et surtout trop banale. Elle ne s’en plaignait pas, mais elle ne pouvait s’empêcher d’admirer les femmes qui avaient pour elles charme et beauté.
Sa voix était envoûtante, elle aussi. Grave et lancinante, séduisante en somme. Cette voix, ajoutée à sa beauté, accentua la forte impression qu’elle lui faisait déjà. Fait rare, Harmony s’interrogeait sur quelqu’un qu’elle ne connaissait pas. Qui était-elle ? D’où venait-elle ? Que faisait-elle dans ce bar miteux ? Comment s’appelait-elle ? Questions peu originales certes, mais qui tournaient en rond dans son esprit depuis qu’elle était entrée dans ce pub. Soudain, la chanson s’arrêta et des applaudissements ainsi que des sifflements d’admiration retentirent. Par réflexe plus qu’autre chose, Harmony applaudit aussi. L’étrange inconnue descendit du podium, leva les yeux, et son regard bleu croisa celui d’Harmony. Celle-ci fut surprise et se détourna aussitôt. Pourquoi cet instinct de l’éviter ? Elle ne savait pas, ça non plus. Elle n’aimait pas ça, ne pas savoir. Et depuis qu’elle était entrée dans ce bar, il y avait trop d’inconnu pour qu’elle se sente à l’aise.
Pourtant, une espèce d’instinct la poussait vers cette femme qu’elle ne connaissait pas encore, comme la lumière attire un papillon. Irrésistiblement, irrémédiablement, presque comme si elle était hypnotisée. Elle prit donc son courage à deux mains et s’approcha de la table où elle était assise. Quand elle ouvrit la bouche, ce fut pour parler d’une voix très basse, douce, mais aussi légèrement cassée, la voix de celle qui n’a pas l’habitude de prendre la parole.

« Bonsoir. Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, mais je tenais à… Vous remercier. Pour l’autre soir. Quand vous êtes montée sur scène avec moi. »

L’inconnue allait-elle la reconnaître ? Si oui, comment allait-elle réagir ? Harmony baissa les yeux, regrettant déjà presque son audace.
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Irene Adler
Civil | Resplendit à jamais, comme un astre inutile, la froide majesté de la femme stérile
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Irene Adler

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Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony _
MessageSujet: Re: Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony   Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony EmptyLun 29 Aoû - 14:02

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

CHARLES BAUDELAIREL'Albatros.
Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony Xdul9j

    Rencontrer des gens, parfaire ses connaissances, briller puis s'éteindre. Se relever pour mieux chuter. Voilà où Irene Adler en était de ses réflexions. Elle jouait dans des bars merdiques, ainsi, tout pouvait fonctionner. Parce que, en fin de compte, ce n'était qu'une histoire de mécanique aussi merdique que les bars. Tuer l'ennui, et à tout prix. Il n'était pas bon d'être un génie dans ces temps lourds. Dans ces heures sombres. Oh vienne la nuit, sonne l'heure, les jours s'en vont et je demeure, n'est-ce pas ?

    Le temps était cruel, voilà la véritable réflexion à laquelle Irene Adler s'attelait. Elle aimait observer , les gens s'y essayaient des fois aussi. Mais ils étaient incapables de penser. Pourquoi ne pouvaient-ils pas ? Pourquoi un tel vide dans leurs yeux ? Rares étaient ceux qui y parvenaient. A saisir le cœur d'Irene Adler. Parce que le temps était cruel. Il lassait le monde et s'octroyait l’identité des vaincus.

    Irene Adler était une enfant capricieuse qui, tel le poète ne pouvait plus marcher sur la terre ferme. Le prince des nuées, l'albatros de Baudelaire.Elle avait ses lubies, comme tout à chacun. A la différence que tout le monde les exécutait avec plaisir. Si elle voulait, elle obtenait. Et les choses ne pouvaient pas se présenter d'une autre façon. Point barre. Alors lorsqu'une femme invisible est poussée par ses "amis" à chanter devant tout le monde, oui, Irene intervient. Elle veut intervenir donc elle le fait. La jeune femme détestait recroiser ses lubies. Quand bien même celles-ci s'avéraient fort intéressantes. Lorsqu'Harmony s'approcha de sa table, elle contempla son verre de whisky. L'ambre scintillait ouvertement à la vue de tous. Mais personne ne réagissait, personne ne le voyait. Pourquoi brillait-elle plus que cette couleur si chaude, si belle ? Elle la reine des glaces. L'iceberg. 20% émergé, 80 sous l'eau. Et si glacial que s'en est terrifiant. Pourquoi les gens allaient-ils toujours vers ce qui leur faisait du mal ?

    Éviter son regard avait été facile tout à l'heure. Maintenant, cela s'avérait moins aisé. Trop de proximité, une parole échangée. Et le regret, d'avoir fait preuve d'autant d'audace inscrit dans les mouvements stressés de cette foutue présence dont elle se serait bien passée. Elle avait le choix, comme toujours. Soit elle laissait la malheureuse à son cou toute la journée, en train de complexer. Soit...elle répondait mais la ferait complexer aussi. Pourtant il lui fallait reconnaître qu'elle avait du cran, cette petite. Qu'elle irait loin, mais qu'elle ne le savait pas parce qu'elle ne pensait pas cela possible. Forcément, ça aide pas beaucoup.

    Irene détestait les gens ébahis devant son astre froid et à deux pas du trépas. Stupid people. Elle se sentait hypocrite à l'idée de cette haine. Parce qu'elle avait besoin d'eux. Oh mon amour je n'ai aucun regret à partir. Mais c'était faux. Comme tout ce monde à qui on ne pouvait pas demander d'arrêter sa folle course. Toute cette merde puait à plein nez, il fallait s'en extirper il fallait...


    "Je me souviens de chaque visage." murmura Irene en soufflant légèrement sur la flaque de whisky que son verre avait répandu sur la table. Une vague légère vient secouer l'ambre. Transperce le cœur d'une enfant aux yeux bleu. Yeux qui s'extirpent à regret de leur spectacle. Encore un mensonge, Irene Adler ne se souvient de personne parce qu'elle les trouve trop stupides. Tss. Foutue société. Seuls les plus brillants hantent son être. Ces brillants inconnus, invisibles aux yeux des autres. Mais si important à ceux d'une gosse. "Et me remercier serait une énormité plus grosse que le militaire qui vient de retirer son pantalon." un ton impassible, le regard au dessus du verre d'alcool à la robe chatoyante.


    Oui quelqu'un se désape. Oui il est explosé. Tu veux qu'on l'utilise comme l'exemple de la masse ? Allez ça va être la mascotte de la société que tu abhorres ! Le commun des mortels, en somme n'est-ce pas ? Parce que tu veux bien plus, toi qui n'a jamais été foutu de garder un seul homme, toi qui utilise le génome humain comme cobaye. TOI ma belle, qui n'a même pas été foutu de pleurer quand ta mère est morte. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? On la fait flipper encore une fois la petite en face de toi, qui avait rien demandé à la vie, pour que tu débarques dans celle-ci. Regardons cette mascotte. Un ex-militaire, ça se lit sur son visage, et auss celui de sa femme. Bien sûr que c'est sa femme, tu le sais aussi. Tu sais aussi pourquoi il rit comme ça. Quel alcool il a pris. Pourquoi il se désape. Pourquoi il n'exerce plus dans l'armée.Là, par là, d'autres question, d'autres réponses. Analyser, toujours. Jauger, conclure. Démontrer. Savoir. Toujours. Ma pauvre Irene, voilà pourquoi tu ne vis pas. Et tu ne t'en rends pas compte. Regarde cette gosse dans les yeux merde ! Elle vaut de l'or, comme tous ces gens, que tu sauves et que tu laisses. -Elle a mis des chaussures bleus. Ça ne va pas avec son teint mais elle s'en fout. Ses manches sont relevées. Cela n'a pas du être simple, mais elle l'a fait sans même y réfléchir. Elle aime être libre quand elle travaille. Ses cheveux sont si fins qu'elle ne les coiffe pas, ils retombent partout où ils peuvent. Tout autant libre. Personne, de ces gens que tu voies quand personne n'ose le faire, sont impossibles à étiqueter. A ranger dans une catégorie. Ils sont tous différents. Il faudrait tous les cramer. Cela t'empêcherait de réfléchir.

    Parce que tu aimerais tellement leur ressembler, à ceux qui sont beaux, mais pour qui c'est un secret bien gardé. Voilà la triste vérité. Irene Adler réouvre les yeux, reprend son souffle. Cela a duré trois secondes, c'est bien trop dur pourtant.


    "Maintenant que j'ai répondu à votre question. Vous pouvez partir." un raclement de gorge finit la phrase. Aussi insensible que les mots précédents. Cette astre brille trop fort. Il fait souffrir les rétines d'Adler. Alors elle persiste à contempler son verre presque vide. Qu'ils foutent le camp, mais qu'ils le fassent savoir, ces foutus astres à la con. "Attention, nous allons vous faire sentir que vous êtes une salope finie, Irene. Mais on ne le saura pas nous-mêmes." Tss. Foutue conscience.
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MessageSujet: Re: Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony   Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony EmptyJeu 8 Sep - 8:23

"Je me souviens de chaque visage."

Voilà. La glace, si elle n’était pas brisée, commençait à s’effriter. Alors qu’elle avait cru se heurter à un mur infranchissable, la voix d’Harmony avait trouvé un écho, l’inconnue lui avait répondu, établissant entre elles un contact fragile, ténu, aussi subtil que le fil d’une araignée et pourtant bien présent. Elle avait l’impression qu’en tendant la main, elle pourrait toucher ce fil du bout du doigt, cette connexion invisible mais qui lui paraissait tellement palpable.

"Et me remercier serait une énormité plus grosse que le militaire qui vient de retirer son pantalon."

Etrange comme les gens peuvent perdre du prestige qu’on leur accorde sans les connaître à partir du moment où on franchit le pas et qu’on leur adresse la parole. Souvent, l’on croise quelqu’un dans le métro par exemple, ce quelqu’un paraît si grand, si beau, sûr de lui, parfait. Rien chez ce quelqu’un ne laisse supposer la moindre faille, peut-être est-ce un héros, un super-héros, un demi-dieu même. Et sans même le connaître, on rêve de lui ressembler, parce qu’on a transféré sur lui tout ce dont on rêve pour soi-même, parce que l’être humain est fait pour rêver, mais aussi pour galérer. Et malheureusement, on n’a pas encore trouvé le mode d’emploi pour arrêter de coller ses fantasmes sur les autres et avoir le cran de les réaliser pour soi. Ou le peu de personnes qui y sont parvenu n’ont pas jugé utile de le divulguer, ce mode d’emploi. Quel égoïsme.

Tout cela, Harmony l’avait compris depuis longtemps à force d’être en retrait et n’avoir aucune occupation à part regarder et écouter les autres agir, parler, interagir, réagir, ressentir. Elle, elle n’avait jamais servi de modèle à personne, personne n’avait jamais parlé d’elle en disant « qu’est-ce que j’aimerais lui ressembler ! », personne n’était jamais venu lui témoigner de l’admiration, à part peut-être quelques anciens camarades de l’université qui avaient eu l’occasion de l’entendre jouer de la musique. Mais là encore, tout ce qu’ils enviaient chez elle, c’était sa dextérité au piano et sa jolie voix, rien de plus. Qui l’envierait pour elle-même, pour ce qu’elle est dans sa totalité ? Une fille invisible, une petite planète morte sacrifiée à l’autel des grands astres brillants qui devenaient dangereusement brûlants à force de rayonner. A chaque fois qu’on lui avait fait un compliment sur ses talents de musicienne, ou plus récemment pour les langues, elle avait pensé que les gens étaient effrayants de cécité, parfois. Ils la complimentaient, elle qui n’existait pour personne ? Elle que personne ne regardait jamais ? Elle qu’on oubliait sitôt rencontrée ? Elle leur en voulait, parfois, pour ces quelques compliments faits sans réfléchir. Elle détestait cette manière qu’avaient les gens de n’admirer qu’une partie d’une autre personne, comme s’ils sélectionnaient ce qu’ils voulaient aimer chez elle et foutaient le reste à la poubelle. « Je ne suis pas une voix, je ne suis pas un piano, je ne suis pas un dictionnaire de langues ! Si vous m’aimez vraiment, aimez-moi tout entière, ou ne m’aimez pas du tout. Je ne suis pas un pain qu’on picore en laissant la croûte qu’on n’aime pas. Prenez-moi tout entière, ou laissez-moi seule. ».

Voilà ce qu’elle aurait voulu leur répondre à ces gens, mais elle n’avait comme d’habitude rien dit, et s’était contentée d’un regard noir avant de partir. Elle préférait encore rester toute seule que d’être réduite à un petit bout d’elle-même. Elle n’était peut-être pas quelqu’un de remarquable, mais elle était un être entier, et comptait bien le rester.

Cette femme ne faisait pas partie des gens qui avaient trouvé le mode d’emploi de la perfection ou du bonheur et l’avaient gardé pour eux. Harmony n’arrivait pas à se figurer son interlocutrice comme l’exemple du bonheur parfait. Tous les êtres qui semblaient parfaits avaient une faille, une fêlure dans leur armure qu’ils essayaient ou non de cacher aux yeux des autres. Et maintenant que l’inconnue avait prononcé quelques mots à son encontre, Harmony était sûre qu’elle faisait partie de ceux-là. Ceux qui ont une blessure cachée. Soit parce que le destin leur a joué un mauvais tour par le passé, soit parce qu’ils étaient comme ça, tout simplement. Des gens qui souffrent. Des nerfs à fleur de peau. Des écorchés vifs. Ceux que chaque seconde qui passe marque comme au fer rouge parce qu’ils sont trop faciles à toucher, trop sensibles, parce qu’ils ont l’esprit alerte à tout et jamais en repos. Chacun avait sa propre façon de réagir à cette agression perpétuelle, parce que chacun était unique et à part. A sa manière, l’informatrice faisait partie de ces gens-là, de ces perpétuelles victimes des autres et du monde, parce qu’elle faisait attention à tout, réfléchissait trop, anticipait sans cesse, parce que la moindre remarque ou le moindre regard l’atteignait en plein cœur aussi sûrement que la flèche de Robin des Bois, et elle avait l’impression de saigner au moindre contact. Affronter le monde, c’était affronter les autres et s’écorcher à leur contact, et elle avait la peau beaucoup trop à vif pour le supporter très longtemps. Alors elle avait joué au caméléon et s’était rendue invisible.

Mais cette femme, assise devant son verre de whisky, n’était pas du genre caméléon. Au contraire, elle était visible, trop visible. Elle devait attirer les gens alors qu’elle n’avait peut-être qu’une envie, celle de les éviter. Son regard fixé sur son verre, sa voix froide et distante, la manière dont elle venait de la congédier en lui disant qu’elle pouvait partir étaient des symptômes typiques de ceux qui fuient la douleur comme ils repousseraient la porte du four après s’être brûlé. Fuir, s’écarter, mettre de la distance, se mettre hors de portée. Tâche facile pour la fille invisible qu’elle était, elle, mais probablement impossible pour la belle chanteuse si lointaine. En un sens, elle la plaignait.

Elle jeta un coup d’œil à l’homme que sa femme forçait à se rhabiller. Lui, c’était le contraire. Un pauvre type qui ne supportait pas qu’on ne le regarde pas, sûrement. Alors il faisait comme tant d’autres et essayait d’attirer l’attention sur lui. Regardez-moi, regardez-moi ! semblait-il vouloir dire en tentant d’exposer sa nudité, en jouant la provocation et l’excentrisme. En réalité, il était juste pitoyable, du fait de son alcoolisme et de ses tentatives désespérées pour se faire remarquer. Sa pauvre femme essayait de le faire se rasseoir… Normal, elle n’a pas envie d’être ridicule. Mais son mari, était-il à ce point malheureux pour vouloir qu’on le regarde ainsi ? Se sentait-il seul ? Invisible ? Avait-il un secret, un malheur qu’il ne pouvait pas formuler à voix haute et qui le poussait à réagir en fanfare, comme ces gens qui font une tentative de suicide non pas pour mourir mais pour lancer un appel de détresse ?
Harmony n’en avait aucune idée, et n’avait aucune envie de le savoir. Ne pas se mêler des affaires des autres était encore le moyen le plus sûr de ne pas se faire remarquer.
Quel étrange paradoxe. Elle ne pouvait s’empêcher de regarder les autres et de se poser des milliers de questions sur eux, mais elle se refusait catégoriquement à être confrontée à eux. Ses questions resteraient donc à jamais sans réponse. Mais elle préférait avoir ses propres points d’interrogation plutôt que de se faire mal, encore et encore, parce que les autres ont une peau d’écailles qui fait si mal quand on entre en contact avec eux.

Son regard bleu redescendit vers le verre presque vide de la chanteuse. Du whisky. Une boisson qui lui correspondait à merveille, se dit Harmony sans trop comprendre d’où lui venait cette pensée. Peut-être à cause de la couleur de sa robe, une belle couleur ambrée dont les reflets ondoyants attirent l’œil bien plus sûrement qu’une vodka transparente. Peut-être aussi parce que le whisky était un alcool fort, qu’un simple verre pouvait avoir sur certains un effet puissant, autant de pouvoir dans une si petite quantité d’alcool, c’était comme cette femme qui en quelques mots était capable de mettre à terre n’importe qui. Oui, une boisson séduisante, mais dévastatrice, comme celle qui le consommait.

« Ca vous va bien, le whisky. » se contenta de dire Harmony, sachant très bien que la jeune femme lui avait donné congé et ne souhaitant donc pas plus s’éterniser.

Elle la salua d’un signe de tête et voulut s’éloigner pour gagner la porte de sortie, mais tout à coup elle s’aperçut que dehors il pleuvait à torrents. Une pluie diluvienne, et qui ne semblait pas prête de s’arrêter. Elle soupira, hésita un instant, puis choisit de dîner là. Ils servaient des plats dans ce bar, et même si ça ne valait sûrement pas grand-chose, ce serait toujours mieux que rentrer en courant sous la pluie pour trouver son frigo vide. Elle fit donc demi-tour et s’adressa au barman pour lui signaler qu’elle restait dîner. Celui-ci lui montra la salle qui s’était bien remplie, il n’y avait plus de table libre, à part… En face de la chanteuse. Harmony resta un moment sans rien dire, ses longs doigts fins pianotant sur le bar. Le barman attendait, sa patience diminuant de plus en plus. Finalement elle hocha la tête et retourna à la table de sa « sauveuse ».

« Il n’y a plus de table nulle part. » lui dit-elle en guise d’explication et en s’asseyant en face d’elle sur la banquette, mais côté fenêtre alors que la jeune femme était côté salle. Elle lui avait demandé de partir, autant ne pas provoquer de remous et rester aussi loin d’elle que possible, si sa présence la dérangeait.
« Si je vous dérange, faites comme si je n’étais pas là. » acheva-t-elle avant de poser son menton au creux de sa main et diriger un regard rêveur vers la fenêtre ruisselante de pluie.

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Irene Adler
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Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony _
MessageSujet: Re: Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony   Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony EmptyMer 14 Sep - 17:58

Spoiler:

Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony 2m34gsiEt Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony 16m0hvc
    Lorsque les astres brillaient trop fort, Irene savait qu'ils lui faisaient un beau pied de nez jouissif. Elle aurait voulu leur préciser qu'elle savait déjà sa position de sale conne. Et que le lui rappelait n'était pas nécessaire. Mais on ne discute pas avec un astre. On se laisse aveugler par son éclat, sa chaleur s'il le lui en reste. Comme tout, on le pompera jusqu'à qu'il ne reste plus rien. Voilà comment ça allait se passer. Irene en avait décidé autrement. Lorsqu'elle vit la brune revenir avec son côté gauche, peu assuré mais splendide à ses yeux, Irene se rendit à l'évidence : la soirée se ferait accompagnée. Un soupir morne s'échappa de ses lèvres pourpres, le souffle vint heurter la paroi du verre de whisky et l'embua.

    Rien n'y faisait, Irene allait encore merder. Aimer encore un de ces invisibles en plongeant ses iris flamboyantes, semblable à un océan incendié par les flammes gelées. Le frisson, elle savait qu'il se ferait sentir sur l'échine de la belle inconnue. Ce qui se passerait, oui, elle le savait. Elle marquerait à vie un Homme avec un grand H. Et elle le laisserait pourrir dans ses rêves en ayant admiré sa capacité à se dissimuler. Tandis qu'elle, devait se déguiser pour l'être, dissimulée.

    Il y a une justice à tout. Le monde l'aurait suivi mais elle ne voulait pas du monde. Elle voulait qu'il cesse de bouger. Qu'il cesse de lui faire spectacle de ses multiples talents. Talents qu'elle ne possèderait jamais et qu'il n'était pas dans son voeu de posséder. Voilà donc ce qu'était Harmony. Talentueuse. Mais elle ne le savait pas. Sinon Irene aurait détourné la tête vers la pluie qui tambourinait aux fenêtres des Londonniens. Sinon elle ne se serait pas préoccupée de savoir si ce soir elle était particulièrement en beauté ou non. Usuellement, elle s'en foutait royalement. Elle savait tout de façon, qu'elle ferait pâle figure aux côtés de l'astre flamboyant, quoi qu'il advienne, il resplendirait. C'était dans la nature des choses. Dans la nature d'Irene Adler plutôt. Sa logique, sa conscience.

    Et qu'est ce qui allait se passer à présent ? Fallait-il saisir l'occasion de partir en courant tandis que la brune essuyait une poussière invisible sur son manteau. La fuite, comme toujours. Lamentable. Ce soir, Irene ne fuirait pas donc. Elle s'égarerait trop loin peut-être, sûrement oublierait-elle qu'elle n'a jamais aimé manger avec quelqu'un. Que le whisky dans sa main n'était pas le premier. Que la pluie qui tombait tremperait ses restes sur sa carcasse si elle s'était enfui.

    Et que tout allait encore partir en l'air. Comme une pièce jetée au ciel. Pile tu vis, face tu meures. N'est-ce pas ainsi que cela fonctionne, à la fin de toute façon ? Ça arrivera encore, des gens comme toi et moi, Irene. Mais pour l'instant, tu es toute seule. Seule. A savoir. A voir. Ceci est ton destin et tu fermeras ta gueule chaque fois qu'on te le dira.


    "Lorsque ma mère est morte je suis devenue stérile et aussi froide que la glace. J'ai cessé d'être une gamine aventurière. J'ai cessé d'être une diva après une énième cuite d'absinthe et j'ai divorcé par lettres. Vous êtes sûre que vous voulez toujours manger avec moi ?"

    Plus belle entrée en matière, Adler, tu crèves. Non mais sérieusement, qu'est ce qui ne tourne pas rond là dedans ? On avait dit soft, tranquille. Et toi tu sautes sur la première occasion pour traumatiser les gens. Quand je te dis que tu dois aller te faire soigner. Regarde bien le ton hautain que tu emploies, le sourire cynique sur tes lèvres rouges. Perçois le mal qui jaillit de tes poumons, perçoit le souffle funeste que tu répands dans ton cercle vitale. C'est ton poison, tel le scorpion qui éclate, se glissera partout jusqu'à en être épuisé totalement. Et tout ce que tu parviendras à faire, au bout du compte, c'est anéantir cet astre qui te regardait avec ses yeux exceptionnels. Qui t'aurais chauffé jusqu'à sa dernière heure. Non. Toi tu ne veux pas de chaleur, tu ne veux pas de cette chaleur là du moins. Alors tu erres et tu te perds. S'il te plaît, ose encore croiser son regard. Si tu ne le fais pas, elle disparaîtra. Comme tous les autres.

    Irene détourna le regard.

    Plus rien n'aurait d'importance quand le soleil serait revenu, elle passerait cette porte, et Irene la contemplerait partir. Tandis qu'elle, était incapable de bouger. Le cul posé sur une chaise pour l'éternité. A regarder vivre les autres, en oubliant qu'on a sa propre existence. Parce qu'elle n'a pas le droit d'être compté. Cela pourrait passer pour une crime contre l'humanité.
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Harmony Taylor
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Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony _
MessageSujet: Re: Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony   Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony EmptySam 24 Sep - 9:47

Il faisait chaud dans ce satané pub. Harmony avait toujours détesté avoir chaud, préférant largement s’emmitoufler dans un grand pull par les longues soirées d’hiver que d’avoir à retirer des couches lorsque le soleil tapait trop fort ou que l’air était trop étouffant. Comme maintenant. Toutes les fenêtres étaient fermées et il y avait tant de monde qui s’agitait que la température avait vite grimpé. C’était oppressant. Comme si quelqu’un serrait sa tête très fort entre ses paumes, jusqu’à ce que sa vue se constelle de petits points noirs, comme si toute son énergie fuyait par tous les pores de sa peau et la laissait là, immobile, coincée dans une espèce de torpeur qu’elle détestait. Elle se sentait plus lente, respirer était plus difficile, et l’air était lourd, si lourd… Elle avait beau avoir retiré son manteau, ce n’était pas assez. Elle avait l’impression d’être enfermée dans une toute petite pièce sans aération. N’y tenant plus, elle tendit le bras et ouvrit légèrement la fenêtre, juste assez pour laisser passer un petit courant d’air chargé de l’humidité fraîche de la pluie qui souffla doucement sur son visage et dans son cou. Elle fut prise d’un léger frisson puis inspira un bon coup. Elle se sentait mieux. Elle retrouvait la pleine possession de ses moyens, comme si l’air froid éloignait les mains de sa tête et chassait la brume de son cerveau. Bonheur.

"Lorsque ma mère est morte je suis devenue stérile et aussi froide que la glace. J'ai cessé d'être une gamine aventurière. J'ai cessé d'être une diva après une énième cuite d'absinthe et j'ai divorcé par lettres. Vous êtes sûre que vous voulez toujours manger avec moi ?"

Essayant de ne pas laisser trop transparaître son étonnement, Harmony posa de nouveau les yeux sur son interlocutrice. Pourquoi lui disait-elle ça ? Pour lui faire peur ? La dégoûter ? Eveiller sa curiosité ? Ce dernier point avait été acquis dès le départ, les deux premiers en revanche… Non, ce n’était pas ça. De toute façon, Harmony n’était pas du genre à se laisser impressionner par de telles paroles. Non pas qu’elle se croit suffisamment supérieure à elle, bien au contraire. Mais elle était comme ça. Ne jugeait jamais. Ou très peu. Même quand elle travaillait et qu’elle rencontrait les pires salauds de la ville, elle éprouvait très rarement de la haine envers eux. De la colère, parfois. De l’inquiétude, un peu plus. Mais jamais encore un autre être humain n’avait éveillé en elle de sentiment aussi violent que la haine ou l’horreur. Les sentiments violents n’étaient pas de son ressort, ne l’avaient jamais été. Inconsciemment, elle s’en était toujours tenue écartée. Il est vrai que rester loin des autres évite l’apparition de ce genre d’émotion, qui peut rarement se manifester sans la présence d’un tiers. Dans les meilleurs moments, on la qualifiait d’imperturbable, dans les pires, d’insensible. Ce qui était faux, complètement faux, elle aurait voulu le crier à la face du monde, Je ne suis pas insensible, regardez, regardez tout ce que je ressens, regardez comme ça fait mal !, elle n’était pas insensible au contraire, mais peut-être qu’elle ressentait les émotions banales avec tant d’intensité que pour se protéger, une partie de son inconscient avait banni les autres du champ des possibles. Elle qui avait du mal à vivre en société sans avoir la cœur qui bat à cent à l’heure au moindre contact, elle qu’un regard tailladait aussi sûrement qu’un cutter, comme survivrait-elle à quelque chose de plus fort ?

Alors elle se recroqueville. La petite fille rentre dans sa petite cabane et s’y terre, pendant que le vent, la pluie, la grêle en font trembler les murs, parfois une planche du toit saute et elle est à la merci de l’orage, mais elle parvient toujours à réparer. A l’intérieur ça tremble, ça tambourine, ça vibre, mais à l’extérieur ça reste solide. Son chef, l’inspecteur Lestrade, lui avait dit une fois que faire preuve de stoïcisme était un bon point quand on était policier. Peut-être voulait-il dire par là qu’elle était forte. Non, Harmony n’était pas une femme forte. Et être stoïque ce n’était pas être fort non plus. C’était juste repousser au loin les émotions les plus agressives, faire tout son possible pour en laisser passer le moins possible, pour ressentir moins, pour souffrir moins. Au risque de passer pour insensible.

« Oui. » répondit Harmony presque dans un souffle. « Si vous, vous le voulez bien aussi… »

Elle était fatiguée. Mais elle avait l’impression que c’était une bonne fatigue. Travailler apaisait sa nature tourmentée, se dépenser calmait ses nerfs à vif et en fin de journée, quand elle rentrait chez elle, elle se sentait plus sereine, moins exposée, plus indulgente peut-être. Plus à même de co-exister avec les autres, parce qu’elle sent moins leur présence écorchante et parvient à se faufiler entre eux plus facilement, peut-être la bousculent-ils parfois, mais c’est comme si elle était sous anesthésique sans que ses autres sens n’en soient atteints. Ainsi, elle les craignait moins. Et désormais, elle était là, face à cette belle et lointaine femme, en craignant moins d’ouvrir la bouche et de la regarder. Le fil d’araignée, tendu entre elle, était toujours là. Peut-être même s’était-il un peu épaissi. Un tout petit peu. A peine. Mais tout de même.

Qui était cette femme ? Une chanteuse. Divorcée. Qui n’avait plus de mère. Seule, peut-être. Quelqu’un qui avait changé, puisqu’elle avait cessé d’être « une gamine aventurière ». Harmony essaya de se représenter cette petite fille brièvement évoquée, mais n’y parvint pas. Elle-même n’avait jamais été aventurière, comme si elle avait grandi trop vite dans sa tête et n’avait pas eu le temps de goûter aux jeux d’enfants que tous les autres connaissent. Et elle, cette femme, avait-elle connu cette joie, cette insouciance ? Les avait-elle perdues, au même titre que sa mère ? Que s’était-il passé, dans sa tête à elle, pour devenir aussi froide et inaccessible ? Ces questions tournaient en rond dans la tête de la jeune policière, mais elle ne les poserait pas, parce qu’elle sait que ce serait indiscret, parce qu’elle-même déteste qu’on lui pose des questions, et surtout parce qu’elle a l’impression que ce ne serait pas correct. Cette femme n’était pas de celles à qui l’on pose des questions. On observe à la dérobée, on essaye de deviner, mais c’est impossible, pratiquement impossible. Elle est trop loin, quelque part loin là-haut au-dessus d’eux, au-dessus d’elle surtout, et même en sautant et en tendant le bras le plus possible, l’atteindre présente des difficultés presque insurmontables. Du moins était-ce ainsi qu’Harmony la voyait, elle qui était de nature si peu curieuse et avait si peu de confiance en elle.

« Je suis désolée pour votre mère. » reprit-elle en ayant l’impression qu’elle devait ajouter quelque chose, mais c’était un exercice si difficile pour elle, l’invisible, la muette. « D’habitude quand je mange avec les gens, ils ne me voient même pas. Ou alors ils me parlent, mais c’est comme s’ils s’adressaient à quelqu’un d’autre. Quand ils me confient leurs soucis, ce n’est pas à moi qu’ils parlent, c’est à eux-mêmes. Je suis le reflet de leur conscience, rien de plus. » Elle marqua un temps de pose, puis leva de nouveau ses yeux bleus sur elle. « Vous… On dirait que vous êtes différente. »

Tais-toi Harmony, tu t’enfonces. D’où ça vient, ce besoin de se justifier en continuant à parler, tout en sachant pertinemment qu’on ferait mieux de se taire ? Elle avait l’impression de ne dire que des âneries. Aussi se tut-elle, retournant dans son mutisme si confortable, si rassurant. Son silence. Sa solitude.
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Irene Adler
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Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony _
MessageSujet: Re: Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony   Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony EmptySam 7 Avr - 23:44

Et Dieu créa "La" femme. °Irene - Harmony 2rd9a1g
    « Je suis désolée pour votre mère. » reprit-elle en ayant l’impression qu’elle devait ajouter quelque chose, mais c’était un exercice si difficile pour elle, l’invisible, la muette, alors elle continua. Et Irene souhaita que tout ceci s'arrête. Mais le flot incessant continua sa folle danse. « D’habitude quand je mange avec les gens, ils ne me voient même pas. Ou alors ils me parlent, mais c’est comme s’ils s’adressaient à quelqu’un d’autre. Quand ils me confient leurs soucis, ce n’est pas à moi qu’ils parlent, c’est à eux-mêmes. Je suis le reflet de leur conscience, rien de plus. » Elle marqua un temps de pose, puis leva de nouveau ses yeux bleus sur elle. Les yeux d'une femme presque aussi paumée qu'Adler. « Vous… On dirait que vous êtes différente. »

    Différente ? T'entends ce qu'elle dit la petiote ? Elle est stupide ou quoi ? Oh ferme là bordel de merde. 'Tu sais très bien qu'elle a tord Adler. Tu sais bien aussi ce qu'il advient des gens que tu recroises. Tu commences à mimer un intérêt puis tu te barres. Pour justement ne jamais les revoir.' Pas elle. 'Pourquoi. Elle n'est PAS différente des autres. Tout comme toi tu n'es pas différente des autres, tu n'es qu'un point dans un carré noir. Pourquoi ne le lui dis pas ?' Parce que...parce qu'elle... 'Semblait sincère pour ta mère ?! Merde Adler tu t'attendris. Tu feras pas de vieux os ici.'

    Le soliloque de la princesse n'avait duré que trois petites secondes dans le monde des mortels. Mais ces trois secondes avaient suffit à transformer le visage d'Irene. Dénué de toute émotion il revêtissait une mélancolie non dissimulée. Loin était le regard de la femme lorsqu'il se retourna vers Harmony. Et puis la seconde d'après, tout ceci avait disparu. Les odeurs du passé, les mains tendues, les cacophonies nocturnes. Il ne restait que la femme stérile. Celle qui n'avait rien à perdre. Celle qui aurait tué père et retué mère pour obtenir ce qu'elle désirait. Celle qui avançait sans se retourner et prêter attention aux regards courroucés. 'qu'elles soient riches de l'âme ou pauvres de l'esprit, de bonne famille ou bien des rues, quand elle prennent l'orage qui me ressemble un peu, si fragiles comme l'eau qui dort. De belle grâce qu'elles soient celles qui ne pleurent plus'.


    « Je ne suis pas différente. » elle aurait pu ajouter pourquoi. Parce que personne n'était bien différent. Au final, on était simplement bons à se faire bouffer par des vers affamés. A la place elle préféra se lever et remplir deux verres de whisky. Quand elle se leva des regards se tournèrent. Une énième fois. Ces regards ne cessent de vous suivre. Vous pensez qu'ils changent au fil du temps. Mais ils ne sont qu'un. Qui saisit chaque faux pas, chaque geste. Mais qui ne voit rien.

    Irene revint sans presser le pas. Ouvrit la bouche en même temps qu'elle posait les verres et s'asseyait
    « Cependant si vous parlez à votre ombre de temps en temps mon enfant*, je peux vous certifier que vous êtes à la bonne table. Sans vouloir vous vexer, nous ne sommes pas du même monde. Vous souffrez d'être le reflet de la conscience des hommes. Vous souffrez qu'on ne vous voie pas tel que vous êtes réellement, n'être qu'un symbole et non une personne. N'être vu que par son déguisement. Mais 'le déguisement est un auto-portrait'** à la fin. » Quelques gorgées. Le souffle se fit court un instant, rien qu'un instant. Et le discours reprit comme s'il ne s'était jamais arrêté réellement. « Pour ma part, je parais être leurs désirs et leurs vices les plus profonds. Leur interdit. Leur scandale morale. Mais je suis tout autant la bougie qui refuse de se montrer lorsque le courant s'éteint. Je suis le cygne noir. Je suis le ballon qui refuse de tenir dans la paume de l'enfant. Le piano désaccordé. La corde du pendu qui lâche avant d'accomplir sa tâche. » Elle sortit une cigarette et jeta un coup d’œil au bar, un sourire aux lèvres. Un sourire qu'elle n'expliquerait pas. Comme à son habitude. Plus le cynisme les teintait, plus le mystère résonnait.

    « Ne me regardez pas ainsi. A vous demander si j'ai raison ou si j'ai tord, vous en finirez par perdre la raison. », son rictus devint presque tendre. Elle n'avait jamais compris son comportement qu'à travers le regard de la vanité et de la victoire. Mais aux côtés de cette étrangère que son cœur criait de connaître davantage, Irene n'expliquait pas. Elle décrivait la vérité d'une manière moins sombre qu'à son habitude. Demeura le brouhaha incessant lorsqu'elle cessa de s'exprimer. Adler avait toujours aimé les femmes douces et aux aspects vulnérables. En face d'elle se trouvait une amélioration de ce type de femmes. Aux apparences maladroites, mal assurées mais avec une certaine fougue, encore inconnues pour elles dans leurs yeux. Ces mêmes yeux qui avaient cessé de se poser sur la dominatrice à l'instant où elle s'était mis à la contempler. Le rose fit rapidement son chemin pour teinter les joues de la demoiselle. Et elle s'enferma d'autant plus dans ce qu'Irene méprisait. Le silence. Le silence la rendait folle, le silence l'avait détruite. Car quand le silence s'abattait, elle se retrouvait seule. Seule face à elle-même. Face à un cœur glacé.

    « Ne vous étonnez pas si on ne vous voit pas. », trancha Irene, soudainement moins douce, sans penser un mot de ce qu'elle disait. En colère contre elle même, elle s'en prenait aux autres. Oublions donc que tu n'es que la pire des femmes. Oublions que tu pourrais faire de cette sage enfant un monstre. « J'ai toujours détesté ce genre d'attitude invisible, et pourtant je ne trouve rien de plus intéressant que cela. Intéressant paradoxe n'est-ce pas ? » demanda t-elle en léchant les dernières gouttes de son verre. « Les autres ne valent rien. Ils sont faciles. Bas. Ils peignent leurs portraits misérables en gesticulant inutilement dans tous les sens du terme. Mais vous. Vous aussi vous êtes différente. »

    Son regard s'était fait plus pétillant, moins enjôleur. Ses lèvres s'étiraient dans un sourire qui accompagnait la réflexion de son interlocutrice. Irene Adler avait d'abord songé à se taire, la laisser ne pas parler et partir lorsqu'elle en aurait assez. Mais elle ne pouvait pas laisser filer certaines occasions parfois. Parce que la curiosité était chez elle un très vilain défaut. La seule trace qui restait de sa vie d'avant, où elle était une aventurière qui n'avait pas besoin de jouer la comédie. Il était rare que cette curiosité se faufile un tel chemin dans son cœur et son esprit. Pourtant aujourd'hui, dans ce bar enfumé et avec tant de bruits, elle décidait de prendre un risque.

    Irene Adler ne prenait jamais de risques, parce qu'elle planifiait tout et contrôlait tout. Or, les pensées ne se contrôlent pas, et c'est tout ce qu'il restait à Harmony Taylor, sa voix ayant été volé depuis bien trop longtemps. Devenue un fantôme dans ce monde d'égoïstes corrompus.


    « Je vous propose de quitter cet endroit rempli d'êtres insignifiants et à mille lieues de ce que nous sommes. » déclara t-elle, trop touchée par le malaise que ressentait son interlocutrice. Elle même reconnait qu'il suffisait. Elle se leva sans attendre de réponse. 'Tout ceci n'est qu'un jeu. Tes changements d'humeur. Tu ne peux pas réellement te convaincre que tu es capable d'être vraiment gentille avec cette petite qui semble en avoir vu beaucoup.''Et pourquoi pas ?''Rappelle toi. Réfléchis un peu ma belle.''Je ne vois pas.''Tu es et restera une dominatrice qui a trouvé le remède à sa stérilité dans le pouvoir tyrannique.' Le silence accompagna sa réflexion mentale. Elle aussi, parfois, s'y réfugiait pour oublier la voix de la vérité toute crue.


    CREDIT TO TUMBLR.
    *Benjamin Biolay, Ton Héritage.
    ** Sherlock BBC, A Scandal In Belgravia.


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