« Ho allez, quoi, vous avez bien un petit truc à me dire que vous n’auriez pas déjà dit aux autres… »
Gabby fit papillonner ses yeux, espérant amadouer le colosse aux bras croisés qui lui bloquait le chemin. Une fois de plus il lui demanda d’attendre le communiqué officiel de presse. Oui, mais non, elle, elle s’en fichait de ce communiqué de presse, ce qui l’intéressait c’était d’avoir du croustillant. Mais, une fois n’est pas coutume, il n’y avait aujourd’hui aucun de ses petits camarades flicaillons pour la laisser fouiner en paix. Contrariant, n’est-ce pas ? En tout cas elle commençait à douter du fait que cette fois-ci elle allait pouvoir s’en sortir avec plus d’informations que ses camarades qui hurlaient quelques mètres plus loin pour obtenir une réponse. Non mais sérieusement… ils étaient ridicules… Ce n’était pas du travail ça… Et le sensationnel ? Et l’information unique ? Ils espéraient peut-être voir un des flics venir leur parler tout doucement à l’oreille ? Comment arrivaient-ils à vendre leurs articles dans de telles conditions ?
Gabby vint poser son doigt sur le torse du rugbyman qui ne mouftait toujours pas et, tentant vainement de prendre une voix suave, elle lui annonça qu’elle était prête à beaucoup de choses pour avoir cette information, tournant du fessier de façon provocatrice. Le type la regarda en levant un sourcil, mouvement qui signifiait bien ce qu’il pensait « Non… mais tu t’es vu quand t'as bu ? ». Soit, elle ne pouvait pas compter sur lui ! Et bien, elle trouverait quelqu’un d’autre.
« Et vous pouvez vous le mettre où je pense votre communiqué de presse ! »
C’était encore un coup du tueur en série qui sévissait en ce moment. Un type plutôt intelligent puisque jusqu’ici il mettait la police en échec. Assez fin aussi, et surement bel homme. Elle avait eu la chance de pouvoir mettre les pieds sur la première scène de crime planquée derrière un des bleus qui avait accepté en échange un petit billet et la promesse d’un diner. Manque de chance pour lui elle était partie sans lui donner son numéro de téléphone. Ha ! Si seulement il était là ! Elle pourrait réparer son « erreur » -Holalala, suis-je bête moi alors ! Je croyais vous l’avoir donné pourtant !- et obtenir un passe tout frai payé pour l’appartement. Mais il n’y avait trace du jeune flic parmi tous ceux qui se promenaient dans le coin.
Soudain sur le côté une demoiselle, habillait de manière civile, passa dans le champ de vision de Gabby, venant de toute évidence de l’autre côté du cordon jaune et noir. Une autre journaliste ? Une femme venant d’un cabinet d’avocat quelconque ? Un flic lui lança un « A demain Alicia ! » alors qu’elle s’éloignait. Bon ok, elle faisait partie des leurs sans pour autant en être vraiment… Bien, soit. Et bien qu’elle ne put identifier le métier de la demoiselle la journaliste partie à sa poursuite. Elle la rejoint en quelques foulés et se mit en travers de son chemin pour la stopper dans son élan espérant ne pas se cogner contre elle. Planquant aussi rapidement que possible sa carte de presse et son carnet de note –oui les autorités n’aiment pas vraiment les journalistes- elle se chercha rapidement un personnage de composition pour poser ses questions ni vu ni connu je t’embrouille.
« Hé ! Alicia ! C’est bien toi ?! »
S’extasia-t-elle peut-être un peu trop faussement.
« C’est moi, Gabrielle ! Tu te souviens ! En cours de biologie, j’étais toujours derrière toi ! Tu n’as pas changé ! Qu’est-ce que tu viens faire dans le coin ?! »
Et bien quoi ?! Qui ne tente rien n’a rien !