Sherlock 21st Century
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Sherlock 21st Century

Forum RPG inspiré par la série Sherlock de la BBC
 
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 Cimetière de la cathédrale [Lestrade]

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Joel Belsph
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Joel Belsph

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Cimetière de la cathédrale [Lestrade] _
MessageSujet: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyLun 31 Jan - 2:01

Un bouquet de fleurs à la main, il connaît le chemin…

Il avait mis du temps à choisir les fleurs, il en mettait toujours. Joël se souvenait très bien des couleurs qu’avait aimé sa femme, il se rappelait également de celles –différentes- qu’elle appréciait porter.
Il y avait un peu de soleil aujourd’hui, l’homme se rappela d’une robe de mi-saison dans l’armoire. Un vêtement à la coupe simple, avec une jolie couleur bleue. Un peu comme les yeux d’Helen, oui…Elle aurait pu la porter, cette robe, par un jour comme ça. Du bleu sur le tissu, du bleu sur les paupières, du bleu dans les yeux, du rouge aux lèvres et du soleil dans ses cheveux.

L’homme désigna à la jeune fleuriste quelques fleurs, pétales et pollens, l’impression de tenir des bouts de ciel, des bouts de soleil. Et puis des marguerites, parce qu’Helen les avait toujours aimés, une fleur de cette gentille couleur là peut-être ? Cela rappelait son bijou fétiche, celui qui maintenant reposait dans le tiroir de la table de nuit. Et puis un ruban, un joli ruban comme un dont elle se servait quelques fois pour s’attacher les cheveux.
Elle aimait bien les rubans, même si la coiffure tenait peu.

Joël paya et sortit enfin de la boutique exiguë, tous ces parfums manquaient à chaque fois de lui donner mal à la tête. La lumière du dehors l’aveugla quelques secondes, la fumée de la ville polluée, la grisaille des trottoirs, tout ceci donnait comme une douloureuse sensation de vie, de temps qui passe. Un groupe de collégiens passa en courant, cris et joies primaires. Les enfants changeaient beaucoup au fil des générations, en tant que professeur – ancien professeur- Joel n’avait pu que le remarquer. Mais quoi que l’on fasse, ils nous étaient indispensables…

Le feu passa au vert pour les piétons. Il traversa, les yeux dans le vague. Ce passage était le point critique, parfois l’homme était obligé de rebrousser chemin, trop secoué pour continuer jusqu’au cimetière. Parce qu’une tombe, ça fait toujours mal à voir…
Surtout lorsque l’on connaît le nom dessus, surtout lorsqu’on l’aime.

Il y eut juste le cœur qui se serra aussi douloureusement que de coutume. Ca ne passerait pas mais ça n’empirerait pas pour autant. Voilà qui était bien…
Au cimetière, le gardien ratissait une allée, son mégot à la bouche. Joel le salua d’un mouvement de chapeau, il regarda fixement les cyprès bordant les allées, se concentrant sur leur vert vif à vomir.
Ses pieds connaissaient instinctivement le chemin à suivre. Tout autour de lui, des tombes et des morts. Il en avait même connu certains, d’autres ne lui évoquaient rien. Et puis des noms célèbres pour leurs injustices : les victimes de meurtres on les enterrait aussi. On arrêtait leurs assassins aussi, même si ça prenait du temps.

L’assassin de sa femme, lui, il courait toujours : le cancer. On mourrait trop facilement de ça en laissant les autres agoniser de tristesse. Au moins là, Helen n’était plus à l’hôpital avec la fenêtre qui ne donnait sur aucun jardin et cette perfusion toujours à son bras qui semblait comme la vampiriser. Des jours rythmés par les seuls pas des infirmières et des nuits sans sommeil à attendre simplement que le temps passe tout en voulant désespérément le retenir.
Joel se souvint avoir eu le souffle coupé la première fois qu’il vit sa femme perdue dans la blouse, perdue dans le lit, perdue déjà loin de la vie. Il était tombé à genoux sur le carrelage froid de la chambre, insensible au monde pendant quelques minutes, ne sachant même pas pleurer…

Qui aurait pu s’attendre à ça ?

Mais la blancheur trop livide de l’hôpital est loin. Désormais il n’y a plus que le gris de la pierre et les couleurs des fleurs. Ca ne rend pas le tout plus joyeux, mais on essaye. Joel se rappela soudain du bouquet, alors il se baissa et le posa dans le vase prévu à cet effet. Oui Helen aurait sûrement aimé.
Qu’allait-il pouvoir lui raconter aujourd’hui ? Pour le moment tout allait bien, il vivait sa vie comme il le pouvait, il buvait même moins. Mais ça il le lui avait déjà dit la dernière fois, pareil pour les derniers exploits de Sherlock, pareil pour la dernière lettre de Mycroft…

Oh il pouvait peut-être se vanter que maintenant il arrivait à reconnaître son reflet dans le miroir. Il se souvenait de qui il était, des choses à faire, des choses à ne pas faire. Il se souvenait d’arroser les plantes maintenant….

Nous sommes au beau milieu de notre tragédie, n’est-ce pas Helen ? Ca va aller, je fais des efforts… Et puis je vais continuer à t’apporter des fleurs, c’est bien non ?

Un peu de silence, il souriait. Un sourire déchiré, un de ces sourires qui devrait pas exister. Tellement triste mais tellement beau, avec non pas des bouts d’espoir, mais des bouts de raison. Et ceux qui parlent de bonheur ont toujours les yeux tristes…

Le gravier crissa sous des pas inconnu, un homme alla visiter une tombe non loin. Joel remarqua le bouquet entre ses mains. Il ne s’empêcha pas de parler, ça ne servait à rien.

Oh, vous les avez pris chez ce petit fleuriste à devanture orange ? Ils sont aimables là bas, ils ne posent pas de questions… Vous pouvez prendre du temps pour choisir plutôt que de toujours vous rabattre sur la composition du jour. Parfois ça fait du bien de choisir soi-même… avec la force de la routine ce serait triste de finir par agir envers ces visites au cimetière comme pour votre travail, non ?

Il était encore jeune cet homme à côté de lui, mais il devenait vieux aussi. Le professeur l’observa un instant, il vit quelque chose derrière la couleur de ses yeux, il en devina d’autre à travers d’autres menus détails mais ne dit rien. L’homme n’avait aucun commerce à faire de ses déductions, alors il les gardait pour lui, comme pour se construire un gigantesque herbier sur l’espèce humaine avec tout ce qu’elle comptait de pire et de meilleur.

Joel reporta son regard sur la tombe d’Helen. Dimanche prochain il amènerait un seau, une éponge et la nettoierait, ça l’occuperait pour l’après-midi, ça serait bien Il y avait un peu de mousse à enlever… Samedi soir il regarderait le ciel pour essayer de voir s’il pleuvrait. La météo, Joel ne lui faisait plus confiance et il y avait tellement de chaînes maintenant à la télévision qu’il ne trouvait jamais la bonne au bon moment pour les prévisions.

Oui, un seau, une éponge… et un bouquet bien plus gros acheté la veille. Oui, plus gros parce que c’est dimanche. Avant il lui emmenait le petit déjeuner au lit, maintenant il pouvait plus alors c’était les fleurs. Au moins il risquait pas de les faire brûler celles-là, pas comme les toasts.

Il soupira un peu et leva la tête vers le ciel, se retenant de poser encore et toujours la même question : qu’est-ce qui justifiais aujourd’hui l’absence d’Helen Belsph à ses côtés ?
Bien sûr il n’y avait personne pour lui répondre, il ne manquerait plus que ça ! De toute manière après bien des efforts, Joel avait décidé de continuer à faire le clowm, comme ça cela faisait la nique à dieu, au diable, à quoi que ce soit… et s’il n’y avait rien, alors tout simplement cela faisait la nique au néant.

C’est comme ça…
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G. Lestrade
Scotland Yard | Georges Clooney, what else?
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyLun 31 Jan - 2:45

Le dossier venait d'être bouclé. Après une semaine, ils avaient finalement réussit à coincer le tueur et pour une fois il n'avait pas eu à faire appel à Sherlock. Étonnamment, en cette journée spécialement, il en était heureux. Il n'aurait pu endurer la présence du détective. Pas dans cet état-là. Il savait que le comportement sans morale du jeune homme l'aurait heurté alors qu'il avait l'habitude de l'ignorer. Il était ignorant et en même temps quasiment naïf dans quelques domaines et comme les enfants, il lui arrivait de faire du mal sans même qu'il ne s'en rende compte. Il s'agissait des quelques raisons pour lesquelles l'homme de 40 ans était bien heureux d'avoir pu réussir tout cela seul. Oh certes, il avait beaucoup moins dormit que lorsqu'il demandait l'avis de l'autre, mais qu'était le sommeil face à une certaine paix d'esprit ? Aucune torture. Seulement sa patience à l'épreuve face à l'incontrôlable femme qui travaillait pour lui. Il ne savait pas ce qu'avaient tous ces jeunes, mais le mot semblait s'être passé et il en avait vu des vertes et des pas mûres.

-Mon rapport monsieur.

Justement, c'était la jeune femme à laquelle il pensait qui déposait abruptement le dossier sur son bureau, qui le saluait du regard et qui repartait sans un mot. Ses hommes avaient l'instinct. Ils savaient quand il allait plus ou moins bien. Évidemment, tous au Yard savait qu'il avait perdu sa femme, mais personne ne venait l'embêter sur ce sujet et il les en remerciait. Il la regarda donc partir sans la retenir, assez heureux que cet échange professionnelle ne soit pas devenu une conversation. Il se redressa et prit son manteau, balayant un moment du regard les gens qui travaillaient à l'extérieur. Il s'était emmitouflé dans une routine rassurante qui le tenait loin de la maison. Un nouveau dossier arriverait sur son bureau dans quelques heures, il en avait lu les grandes lignes. Une autre enquête recommencerait et le prendrait loin de sa propre peine. Ce qui n'était pas plus mal, même s'il avait conscience d'agir un peu en lâche.

Sortant du Yard, il prit sa voiture. Il se dirigea vers le cimetière, s'arrêtant en chemin dans le premier fleuriste qu'il aperçut. Il descendit lentement, pas réellement pressé d'entrer, puis jeta un bref et distrait coup d'oeil aux fleurs qu'il y avait autour de lui. Il arriva au comptoir, demanda l'ornement du jour, ne prenant pas le temps de choisir lui-même. Il ne le faisait jamais. Il n'avait pas le temps. Ou croyait plutôt ne pas avoir le temps. Il prit le bouquet précautionneusement, il ne souhaitait pas l'abîmer, revint dans son véhicule, puis l'arrêta à nouveau près du cimetière. Il sortit, puis déambula entre les tombes, ne les voyait pas réellement, cherchant des yeux celle qu'il connaissait maintenant par coeur. Ça ne faisait pas très longtemps qu'Emily était morte et la blessure n'était pas encore totalement refermée – se refermerait-elle ? Il en avait déjà eu la preuve: les blessures due à son travail guérissaient plus rapidement que celles de la vie.

Il trouva la tombe et en frôla le dessus du bout des doigts. Il avait bien entendu remarqué une autre présence que la sienne, mais il ne vit pas la nécessité de déranger cet homme qui semblait en conversation avec la tombe. Il n'y vit pas là une folie, mais plutôt une douleur. Si privée qu'il détourna rapidement le regard vers celle d'Emily. Il se pencha lentement et allait déposer le bouquet sur le sol lorsque son voisin de quelques tombes s'adressa à lui.

°-Oh, vous les avez pris chez ce petit fleuriste à devanture orange ? Ils sont aimables là bas, ils ne posent pas de questions… Vous pouvez prendre du temps pour choisir plutôt que de toujours vous rabattre sur la composition du jour. Parfois ça fait du bien de choisir soi-même… avec la force de la routine ce serait triste de finir par agir envers ces visites au cimetière comme pour votre travail, non ?-°

Il releva le regard et hocha la tête à sa première question, toujours accroupit, le bouquet en suspens entre le ciel et la terre. Il était d'accord avec l'homme, les gens à l'intérieur de cette boutique étaient très sympathiques. Il se rendait souvent là – il s'agissait de la boutique entre le Yard et le cimetière qu'il voyait le plus souvent – et jamais ils ne lui avaient posé de questions. Sans doute avaient-ils devinés, on n'offre pas de fleur aussi souvent à une femme vivante. On oublie quand elles sont là de les choyer comme elles le méritent.

Il cilla, ne comprenant pas pendant quelques secondes de quoi parlait l'inconnu. Jusqu'à ce qu'il eut une étrange impression de déjà-vu. Pas de par la scène, mais plutôt de par la sensation d'être passé sous des rayons X. Il n'en avait pas vécu l'effluve depuis une semaine.


« Comment avez-vous... ? »

Il ne finissait plus cette phrase depuis un moment maintenant, puis secoua la tête comme si ça n'avait aucune importance. Il jeta un regard sur la tombe, puis sur le bouquet. Il ne savait pas si c'était de la culpabilité qui naissait lentement depuis que l'homme lui avait parlé. Peut-être. Traitait-il la mort de sa femme comme son travail ? Si oui, il la traitait comme il l'avait peut-être toujours traité au fond. Une idée qui le taraudait. Il finit par poser les fleurs près d'elle, prenant tout de même le temps de les placer, comme il l'avait toujours fait. Emily avait toujours aimé les fleurs. C'était peut-être la seule raison pourquoi il le faisait sur sa tombe, car il ne fleurissait pas la celle de ses parents. Il allait simplement, parfois, y prendre une pause.

Se relevant, il tourna les yeux vers son voisin.


« Et comment faites-vous pour choisir des fleurs ? »

Il ne posait pas cette question en désespoir de cause et avouait son ignorance sans honte. Il se demandait. Sincèrement. Il ne les avait jamais choisit. Pas qu'il ne connaissait pas les goûts de sa femme. Plus qu'il n'y avait jamais songé ou bien n'avait jamais eu le courage de prendre le temps, chaque fois, de choisir lesquelles convenaient à la mort de cette femme qui avait vécue au moins dix ans de sa vie avec lui. Ce qui, il fallait le dire, n'était pas rien. Du moins pour lui.

Il ne se sentait pas mal de parler, il n'était pas celui qui avait commencé, mais il profitait aussi du silence et de l'instant. Il n'avait qu'une heure pour rester au cimetière, moins peut-être. Dès que l'appel ferait sonner son téléphone, il devrait quitter les lieux pour s'élancer vers le Yard et recommencer la poursuite d'indices. Il souhaitait que ce ne soit pas encore des meurtres. Ils s'occupaient parfois de vols et de disparition. Ce qui finalement...maintenant qu'il y pensait...n'était pas mieux.
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyLun 31 Jan - 17:43


J'ai vendu ma souffrance J'ai perdu mon amour
J'ai pleuré mon errance A te chercher toujours

Il était fatigué cet homme à côté de lui, et surtout il ne faisait les choses qu’à moitié : parler, deviner, s’étonner, se demander… A chaque fois il semblait manquer quelque chose, des bouts de mots ou bien des bouts d’émotion. Et lui-même semblait prendre conscience de ce manque sans pour autant trouver comment y remédier.
Joel adorait qu’on lui pose des questions tout autant qu’il adorait y répondre, c’est en cela qu’il s’était complètement investi dans son métier de professeur. Magicien cabot, il avait souvent feint de posséder un savoir immense pour impressionner les têtes blondes aux pupitres avant d’éclater d’un grand rire jovial et de tout leur expliquer. Dispenser tout ce qu’il savait, absolument tout, c’était là son mode de vie. S’il y avait eu beaucoup de gens pour comprendre, bien peu avaient également décidé d’appliquer ses méthodes, mais le monde serait triste si tous devaient avoir le même comportement n’est-ce pas ?
Aujourd’hui il n’avait plus d’élève, aujourd’hui on considérait qu’il n’avait rien à transmettre… et pourtant on semblait continuer à lui poser des questions. Certaines choses ne changent jamais.

Une simple série de déductions, que même un enfant pourrait faire… Je regarde le temps, je repense aux vêtements de ma femme, j’imagine ce qu’elle aurait pu porter aujourd’hui. Alors il ne me reste plus qu’à accorder les fleurs en conséquence. C’est un peu comme recréer une photo à vrai dire, une photo où ne figurerait qu’elle, où je n’existe pas le moins du monde…

Tiens en parlant de ça, où était rangé l’album photo ? Sûrement dans le vieux carton à chaussure au dessus de l’armoire de la chambre d’ami. Il y jetterait un coup d’œil en rentrant, ça lui ferait peut-être du bien. Et puis ce n’était pas comme s’il avait grand-chose à faire…
Joel sortit un paquet de cigarettes complètement chiffonné de sa poche et en proposa une à Lestrade.

Excusez-moi pour tout à l’heure, je ne voulais pas vous culpabiliser. J’ai toujours eu la mauvaise habitude de trop parler… Vous êtes un homme sincère, cela se voit, et vous aimez votre femme.

L’amour, la plaie de tous les veufs. C’est tellement absurde de se rendre compte comme quelqu’un peut nous manquer. De s’en rendre comte lorsqu’il est trop tard… C’était sûrement le cas de cet homme à côté de lui avec ses yeux tristes et presque incrédules comme si dans le fond, il n’avait pas conscience de la situation.

Il alluma sa cigarette et fuma un instant en silence. Le lieu était calme, pour le moment ils en étaient les seuls visiteurs. C’était la raison pour laquelle Joel venait à cette heure ci. L’autre homme devait avoir des horaires plus anarchiques, d’habitude il ne le croisait pas. Cheveux poivre et sel, regard bien à lui, le type de personne avec des malheurs qu’on oublie et des ongles toujours un peu noircis. Il émanait de lui une tranquillité amère que l’on ressentait comme une douce sympathie. Le professeur se demanda un instant s’il devait se présenter. On pouvait donner de l’importance aux noms comme on pouvait s’en foutre totalement…

Un simple coup d’œil à la tombe pouvait le renseigner sur l’identité de son comparse, le contraire était également possible. C’est fou tout ce que l’on pouvait perdre comme temps à parler alors que parfois de simples regards suffiraient pour nous renseigner. L’homme est un animal illogique par nature, Joel l’avait fort bien compris et à vrai dire, s’en amusait beaucoup.
Même si depuis quelques années il avait bien du mal à rire, mais qui lui en voudrait ? La petite photo d’Helen sur la tombe le narguait gentiment du regard avec son sourire figé, elle s’était toujours plainte de ne pas être très photogénique.

Je me nomme Joel Belsph, peut-être serons-nous amener à nous croiser à nouveau en ce lieu ?

Il passait trop de temps au cimetière, on le lui avait déjà dit. Les amies d’Helen notamment, elles le surveillaient un peu à leur manière, il n’était pas seul au monde. Il était juste seul dans la maison vide et éteinte, avec plus personne pour faire un quelconque tintamarre dans la cuisine. Personne pour l’appeler, pour l’engueuler, pour lui parler tout simplement. D’ailleurs on ne pouvait plus trop parler dans cette maison, une atmosphère trop épaisse, une lumière trop sombre. C’était mieux de le faire dehors, mais dehors à présent pour Joel ce n’était rien d’autre que le cimetière. Son petit monde s’était réduit à cela…

Oh bien sûr, le professeur avait pensé à se trouver une occupation, mais rien ne semblait le satisfaire. Livres, films, sorties… Il avait notamment tenté de se mettre aux séries policiers, mes les intrigues étaient tellement tarabiscotées et parfois sans queue ni tête, que cela s’en résulta par une prise de cachets d’aspirine.
Il y avait trop peu de choses intéressantes pour se changer les idées, à vrai dire heureusement que Mycroft lui imprimait les enquêtes de Sherlock, de ça il ne s’en lassait pas.
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyLun 31 Jan - 19:44

Que même un enfant pourrait faire...

Il ne savait pas pourquoi cette façon de rendre un fait si évident l'ébranlait plus que lorsqu'il parlait avec Sherlock. Peut-être était-ce parce que l'homme près de lui semblait beaucoup plus vieux que son jeune détective et que l'équilibre des responsabilités s'en trouvait inversé. Ce n'était plus lui l'homme mature et expérimenté. Il se sentait quasiment comme un enfant, ce qui le perturbait. À se voir dans ce cimetière, Emily aurait très certainement éclaté de son rire qui chassait ses longues journées de travail. Pourquoi aurait-elle rit ? Parce qu'il avait cet air peu sûr de lui qu'elle adorait. Lorsqu'il entrait chez lui après une enquête où il avait eu besoin du civil, elle s'avançait vers lui avec un sourire, sachant sans qu'il ne le dise comment il se sentait.

Même morte ces scènes semblaient se répéter. Devant sa tombe.

Le seul problème avec ce qu'il lui disait: son travail ne lui laissait pas le temps de passer trente minutes ou même quinze à choisir des fleurs. Le comble. Il n'avait pas le Temps. Le temps de s'occuper d'elle. C'était la première fois qu'il avait de la compagnie devant la tombe d'Emily et il comprenait pourquoi maintenant. Il ne se posait pas tant de questions habituellement, se contentant de passer un moment près d'elle avant d'avoir l'obligation de retourner à ses fonctions.


« Simple...oui, mais vous avez déjà illustré ce qui m'empêche de le faire. »

Murmure qui s'adressait plus à lui-même qu'à son voisin.

« J'imagine que tous les fleuristes offrent un service personnalisé... »

Il glissa à nouveau ses doigts sur sa tombe et eu un sourire éphémère, mais vrai. Sur le terrain il ne montrait que les émotions nécessaires, mais ici, il s'agissait d'un cimetière et de sa femme. Il était en droit de laisser transparaître un minimum d'humanité. Le travail d'Inspecteur demandait une impassibilité quasiment inhumaine qu'il n'arrivait pas toujours à garder. Oh, le sourire il pouvait s'en passer, mais l'impatience et la colère demeurait beaucoup plus difficile à réprimer.

La proposition de son voisin était tentante. Il fixa un moment le paquet. Il avait envie d'en fumer une. Surtout dans cette situation. Pourtant, il secoua la tête poliment, puis releva le regard vers lui.


« Non, non...vous aviez raison. Et parfois ça fait du bien de se faire montrer la vérité. Je ne dis pas que je ne m'en suis jamais rendu compte, mais être devant le fait accompli m'oblige à ne pas me cacher. J'ai un métier. Qui prend beaucoup trop de temps et routinier. Culpabilité ou pas, les faits sont là. »

Lestrade comptait sur sa propre patch pour éviter de perdre contre son envie de fumer. Il n'irait pas jusqu'à reprocher à l'autre de le faire devant lui. Inutile et futile. Les gens avaient leur propre liberté et sincèrement, s'il n'avait pas pris de bonnes résolutions, il serait justement en train d'exhaler de la fumée.

Il hocha finalement la tête.


« Gregory Lestrade. Enchanté. »

Il ne tendit pas la main. Non par manque de respect, mais il ne s'agissait pas là d'une rencontre formelle, professionnelle ou officielle. Simplement deux hommes devant la tombe de leur amour perdu. Simple. Aucun besoin d'artifice, de cérémonie ou de fanfare. Rester naturel au possible.

« Je suis moi-même très souvent au cimetière, mais malheureusement jamais à la même heure. Je ne doute toutefois pas que nous soyons amené à nous revoir. Vous venez toujours à un jour précis ? »

Il pensait que oui. Après tout, il semblait beaucoup moins aléatoire dans ses visites que lui-même ne l'était. Ce n'était pas par choix. Il aurait bien voulu avoir un petit agenda marquant ce qu'il ferait ce jour-ci, ce jour-là, quand il viendrait déposer un bouquet, quand il viendrait nettoyer la tombe, quand il viendrait...

Non. Il ne le pouvait pas. Il le faisait dès qu'il le pouvait, entre deux enquêtes, entre deux courses-poursuites, entre deux cauchemars. Cet endroit était bien le seul où il pouvait être lui-même. Sans risque de jugements, de grognements, de gamineries insipides. Il n'y avait ici aucune Sally, aucun Anderson et surtout aucun Sherlock. Lui et une tombe de marbre.

Avait-il passé autant de temps avec sa femme lorsqu'elle était vivante qu'il n'en passait avec elle maintenant qu'elle était morte ? Question qu'il préférait ne pas se poser. De plus, il s'agissait d'un comportement humain.

Sa disparition avait fait naître bien des questionnements qu'il n'avait jamais eu pendant sa vie conjugale. Qu'allait-il manger ce soir ? Lui faudrait-il faire le lavage ou pouvait-il attendre encore un peu ? Le ménage ? L'épicerie ? Décidément, elle avait fait bien des choses pour lui. Parfois, il lui arrivait de regarder la cuisine pendant plusieurs minutes avant de commander quelque chose. Heureusement, sur le terrain, une bouchée rapide et c'était réglé. Quand c'était plus calme par contre...

Il sourit encore. Il trouvait ironique que son sourire s'étirait beaucoup plus dans un cimetière qu'à l'extérieur. Fallait-il y comprendre quelque chose ?
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyMar 1 Fév - 0:58

I must be strong, and carry on
Cause I know I don't belong
Here in heaven


…Inspecteur Lestrade ?!

Aussitôt Joel fit volte face, regardant l’autre homme avec un sourire lumineux. En quelques foulées d’un pas énergique, presque élastique, il alla devant lui et lui prit la main pour la serrer avec force en riant à moitié.

Enchanté, vraiment enchanté oui ! C’est un plaisir que de vous rencontrer, malgré cette triste coïncidence…

Il connaissait l’inspecteur de réputation, via quelques mots boudeurs de son plus jeune protégé, Sherlock. Il savait également par Mycroft que c’était lui qui avait aidé l’animal concernant quelques petits problèmes d’ordre légal avec la drogue. Ceci en échange de menus services évidemment… Et avec la surveillance invisible du grand frère au cas où les choses auraient dérapé.
En fait c’était grâce à Lestrade que ni Mycroft, ni Joel n’avaient encore eu à payer de chèque de caution concernant Sherlock, ce qui en soit était une très bonne chose.

Pour votre métier… vous êtes un homme courageux comme on en fait plus, il n’y a rien à vous reprocher. A dire vrai j’ai beaucoup de compliments à vous faire même, ainsi qu’une grande estime à votre égard.

Il ne mentait pas, pourquoi l’aurait-il fait ? Non le vieux professeur était sincère, Lestrade était apparu dans la vie de Sherlock lorsque lui-même avait été incapable de s’en occuper, perdu dans son chagrin. C’est si écrasant d’être un être humain, on est toujours obligé de négliger quelque chose et ensuite, ensuite on ne peut que le regretter amèrement.

Vous avez été d’une grande aide pour mon garçon, Inspecteur. Pour cela je vous remercie…

Lestrade ne pouvait le deviner évidemment mais Joel parlait du détective consultant. Il regarda le bouquet de l’inspecteur, certes il était conventionnel mais la douleur qui poussait à faire ce geste était quelque chose de tellement immense que peu importe les fleurs, on y laissait toujours un bout de son âme.

Je viens tous les jours ici à cette heure, on est au calme et personne ne nous dérange… Alors oui, peut-être nous recroiserons-nous si vos affaires en court vous le permettent. C’est pitié que tous ces meurtres n’est-ce pas ? A croire que les barrières de la morale se brisent les unes après les autres… L’espèce humaine n’a pourtant pas besoin de cela pour s’éteindre, il y a déjà trop de maladies qui y parviennent.

L’homme jeta son mégot à terre et l’écrasa du talon. Aussitôt il reprit une cigarette, très mauvaise habitude mais il n’y avait personne pour lui en faire la remarque. Ce qu’il avait entendu à propos de Lestrade n’était pas bien sûr très élogieux : autoritaire, fouineur, usait de chantage parfois… De cela on ne pouvait lui en être gré compte tenu de qui lui faisait face. Et puis ses sources étaient tout sauf objectives, allait-on dire. Il sourit un peu à cette pensée, triste coïncidence cependant de voir qu’ils étaient voisins de cimetière. Un mauvais génie devait bien rire de ce scénario là, à coup sûr.
Mais cela le sortait de sa routine, le faisait parler… C’est étrange de constater comme on peut vite perdre pied avec la réalité et ne plus avoir le moindre contact. Pendant de longues années, cela avait été sa vie. Maintenant quoi, c’était fini ? Il l’espérait, même s’il n’avait personne à aller voir.

Les gens de votre profession ont un triste instinct de survie : ils se griment en robot pour leur travail et ne redeviennent humain que pour leur vie privé. Docteur Jekyll et Mister Hyde, au vu de votre façon de sourire et de parler, vous avez cet instinct malheureux. Ce cimetière n’est pas votre vie privée… Votre vie privée a été enterrée, il n’y a plus rien à protéger de ce côté-là. Pour la reconstruire, retrouver des attaches correctes, il faut se laisser aller. Vous devriez réfléchir à cela, vous êtes encore jeune après tout et il y a des erreurs que l’on commet bien trop facilement

On ne sait toujours rien de la peine des autres, chacun a une manière différente pour porter son chagrin, mais le résultat reste toujours effroyablement le même avec son cortège de déprimes et de tristesses.

Et que peut-on y faire ?
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G. Lestrade
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyMar 1 Fév - 16:05

Haussant un sourcil, il affirma lorsque Joël répéta son nom, puis ne put cacher sa surprise lorsque se dernier s'élança presque – à proprement parlé – pour lui serrer la main. Autant dire qu'il en resta éberlué. Il avait l'habitude de recevoir cette sorte d'attention au bureau, après tout ses collègues le respectaient, mais qu'un inconnu, rencontré au hasard parmi les tombes, lui semble si...rayonnant l'interloquait. Il lui serra la main évidemment – n'eut guère de choix d'ailleurs, la poigne de l'autre n'était pas si maigre – sans pour autant comprendre d'où il le connaissait. Oh bien entendu, les journaux et la télévision, mais ce qu'on y disait relevait parfois de l'exagération. Que ce soit en bien ou en mal. C'était son problème avec journalistes. Une chance d'ailleurs que Sally était toujours là à chaque conférence de presse, car il les enverrait bien tous s'en griller une. Façon de parler évidemment. Il n'en pensait pas moins.

Donc...c'était un plaisir de le rencontrer. Hum...oui...il en venait presque à se demander comment il fallait réagir ? Les compliments malheureusement continuaient leur envol, le rendant très rapidement mal à l'aise. Au bureau, il les acceptait avec modestie et sans malaise, mais dans un cimetière, devant sa femme et surtout avec un étranger, cela lui faisait un étrange effet. Aussi bien qu'il finit par passer une main dans ses cheveux, vieille manie qu'il avait pourtant réussit à se départir. Il ne l'avait plus fait depuis un moment déjà. Il secoua par la suite la tête.


« Je vous en prie, pas d'Inspecteur ici...ce n'est absolument pas nécessaire. »

Puis, il fronça les sourcils. Mon garçon ? Lestrade n'en avait pas aidé des tonnes, mais en avait envoyé plusieurs derrière les barreaux un moment pour les faire réfléchir sur leur vie. À entendre les louanges de l'aîné, il ne devait pas lui avoir fait grand mal au dit garçon pour qu'on le mette tant mal à l'aise.

Il ne put y penser bien longtemps que son interlocuteur reprenait, lui annonçant qu'il revenait bien là à ce jour, à la même heure. D'un certain sens, quand Lestrade voudrait de la compagnie ou bien si le hasard était généreux, il savait quand trouver un voisin dans ce cimetière. Façon de voir un peu sinistre, mais il avait finit par deviner, surtout à cause de l'épisode des fleurs, qu'ils avaient tous les deux perdu leurs femmes. Au fond, le malheur rassemble les gens, les font parler et inévitablement, le sujet quittait quelques fois le terrain du deuil. Ce qui restait un excellent baume pour les meurtrissures.

Il hocha cette fois la tête, étant tout à fait d'accord avec Joël.


« On dit qu'il faut de tout pour faire un monde et pourtant je ne vois pas en quoi la présence d'autant de cruauté et de décadence nous aide à construire le nôtre. Ces derniers temps il y a une explosion d'excitation dans la classe criminel. Ils se mettent en file d'attente et attendent que l'on vienne les cueillir. »

Manière de parler. Ils étaient beaucoup trop actifs pour Lestrade qui aurait bien aimé que cette ville soit lavée de tous ces rebuts de la société. Ce serait bien pour tous. Pour les enfants qui mourraient, pour les objets qui disparaissaient, pour les couples qui étaient détruits par des imbéciles. Pour tous ceux qui pourraient vivre mieux et sans la crainte d'être tués dans leur sommeil. Il ne continua pourtant pas sur le sujet. Chose dont il ne parlait que très rarement en venant au cimetière, chose dont il parlait trop à l'extérieur. Si la drogue avait un effet de dépendance et de déchéance, alors peut-être Scotland Yard était la sienne. Ce qui lui laissait un mince aperçu de ce qui l'attendait à la fin du parcours. Rassurant.

Il resta debout bien droit, observa Joël, mais avec beaucoup moins d'insistance que ne le ferait n'importe qui d'autre. Il tentait de savoir avec qui il entretenait une conversation. Il était doué pour les émotions humaines et pour l'écoute, mais ne tenterait jamais de faire des déductions à partir de détails. Il y en avait un qui se faisait humilié ainsi et il ne serait pas le deuxième. Il enfonça les mains dans les poches de son manteau alors que l'autre commençait ce qu'il pouvait appeler une leçon de morale. Sa façon de parler des gens de son métier le fit presque sourire, aussi bien qu'un coin de ses lèvres se souleva. Les gens avaient parfois un de ces regards envers le Yard. Savoir les différents avis l'amusait, mais cette description à la docteur Jekyll et mister Hyder comme il le disait si bien, était d'autant plus ironique qu'au fond...elle concordait quand même assez.

Ce n'était qu'une protection, une coquille dans laquelle la majorité des Inspecteurs s'enfermaient. Pourquoi ? Pour protéger leur entourage. Le sien se résumait à Emily Lestrade, Sherlock Holmes, Sally Donovan, Anderson et John Watson. Maintenant que la première était morte...il savait tiré les conclusions lui-même et voyait que l'absence de vie privée de lui ferait aucun mal. Sa vie professionnelle et privée s'était toujours trop assemblées pour qu'il puisse y faire quoi que ce soit. Il avait bien sûr des connaissances agréables, mais elles travaillaient toutes au Scotland Yard. Il n'avait gardé que peu de contacts avec la famille de sa femme et de toute manière, ils le boudaient. Alors pourquoi se battre pour les revoir ?

« Je n'ai qu'une vie monsieur Belsph et elle regroupe ce qu'il me faut et me reste. Il y a une raison pour laquelle nous agissons de pareille façon et je crois que c'est mieux ainsi. Avoir des relations, c'est les mettre en danger. Mes seules relations savent le danger qui les guettent et vivent avec. Je ne peux demander mieux de la part de mes collaborateurs. Ma femme est la seule à avoir payer pour ce danger. Et je préfère...aussi horrible que ça puisse vous paraître, qu'elle reste la seule. »

Il n'était pas heureux qu'elle soit morte. Non, du tout. Il voulait simplement pas que quelqu'un d'autre meurt pour une raison totalement stupide. Il avait des craintes pour ses protégés évidemment, mais moins qu'il n'en avait eu pour elle. Ils savaient tous se défendre et elle, bien qu'il se soit arrangé pour laisser une arme à la maison, non. Voilà pourquoi l'Inspecteur pensait qu'il ne devait pas mélanger vie civil et vie au Yard. Il n'en avait plus qu'une seule. Celle au Yard.

Et en réfléchissant bien...cette manière de parler pouvait tout aussi bien provenir de ce côté robotique. Qui avait l'habitude de rabâcher ce genre de théorie aux recrues. Il eu un rire extrêmement bref, porté à la dérision de lui-même, mais pourtant, dans son regard, il y avait quelque part un peu d'amusement. Il était rare que quelqu'un lui tenait tête et lui faisait la morale - les deux ensemble, puisque séparément, ses collègues étaient fort pour lui tenir tête, mais pas assez pour lui faire la morale.


« J'imagine que la façon de voir doit être différente pour la personne qui est spectatrice et l'autre qui joue sur scène. D'où la majorité des mésententes entre deux personnes...On ne voit jamais que ce que l'on veut voir. »
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyMer 2 Fév - 1:18

I see the lights
Casting shadows on my screen
And I don't mind
The lullabies from the machines
But if you go
I don't know what I'll do
So don't you go


Rien ne me paraît horrible, monsieur, je suis un scientifique offert à toutes les équations que la vie a à me proposer. Si ce chemin vous convient, on ne peut qu’en être heureux pour vous, il y a des hommes forts et des hommes faibles, certains trébuchent mais d’autres peuvent continuer à avancer.

L’inspecteur était tout sauf idiot, Joel n’en doutait pas. A vrai dire sa conversation était des plus intéressante, chacun transportant des blessures de la vie bien différentes dans leurs paroles. De toute manière, quelqu’un qui avait vécu ne pouvait être un abruti. Après, restait à savoir ce que l’on entendait par « vivre ». Parfois le professeur s’était demandé s’il avait réellement eut une vie, se faisant bien plus l’impression d’être un manuel scolaire doué de parole. C’est pour cela au fond qu’il avait tant tenu à faire le pitre en classe, au grand désespoir de ses collègues parfois. Oui il avait vécu, certains souvenirs venaient le lui rappeler avec toute la tendresse douce-amère du monde. Il avait vécu, il avait aimé, il avait souffert…

On appelle le fou un comédien, presque avec respect parce qu’il a réussi à nous cacher son identité jusqu’à ce qu’il tue quelqu’un… Mais un comédien, on l’appelle fou parce qu’il aime à se grimer pour notre bon plaisir. Être spectateur c’est être ingrat, vous ne pensez pas ? Etre comédien, c’est se voiler les yeux…

Il y a des gens qui philosophent autour d’un verre dans un bar quelconque, eux ils le faisaient dans un cimetière. Aujourd’hui, leur alcool c’était la mort….Une bien triste ivresse en vérité, cependant elle anesthésiait tout autant que n’importe quel bon vin ou mauvaise piquette. Mais sinon, qu’avait-il à dire à cet homme ? Peut-être qu’il lui souhaitait bien du courage pour son travail, ses enquêtes, les personnes qu’il avait à croiser dans sa vie quotidienne …
De cela, évidemment Joel ne dit rien. Lestrade n’était pas venu ici pour entendre parler de la. Il regarda la tombe de la morte : Emily. Un beau nom, Emily et Gregory Lestrade, cela sonnait bien. Tragique, tellement tragique qu’à présent, la seule fois où ces deux noms se trouveront à nouveau accolés, sera lorsque Lestrade rejoindra la morte dans l’éternité du caveau.

Des nuages dans le ciel, le soleil qui se couvrait comme un monde peint de noir, comme un monde peint de gris, comme un monde aux couleurs de minuit. Et pourtant il fait tellement jour encore, malgré le parfum de ciel bleu absent, malgré l’odeur des fleurs qui remplacent le goût du sang.
Ce n’est pas sa faute, toute cette tristesse, c’est son héritage. Celle d’une humanité ayant décidé d’apprendre à aimer, alors non ce n’est pas sa faute, c’est son cœur, c’est sa douleur, c’est comme ça et pas autrement. On supporte la foule lorsque l’on a peur des gens, on supporte la solitude lorsqu’on s’effraie du silence, on appelle la violence, on ne veut que les autres, on ne veut que soi-même et l’on se perd, et l’on se perd….

Combien de ces matins vous hantent ? Ceux où le jour pointe à peine, où vous vous levez du lit sans qu’elle ne se réveille, et partez comme un voleur. Vous n’osez pas la regarder, perdue parmi les draps, vous disparaissez vers votre travail avec le souvenir de son visage… Mais maintenant elle est morte et vous continuez à fuir, c’est son fantôme qui désormais vous fait courir loin de cela…

Imperturbable visage de statue de pierre. Il n’y a que les yeux pour briller à présent, pas d’émotions, aucune, il n’y a rien à ressentir lorsque l’on se prête à l’exercice de la déduction, car les sentiments sont l’apanage du théâtre. Pourquoi confondre les deux ? C’est tout aussi absurde que de privilégier l’un à l’autre…

Et il n’y a rien à juger, jamais. Car un homme ne peut être dieu tout comme un dieu ne peut être homme, que chacune porte ses erreurs, ses défauts et ses espoirs, car il n’y a rien de plus lâche que de poursuivre les rêves d’autrui lorsque l’on n’ose pas avoir les siens.

Toujours personne dans ce cimetière, comme une antichambre de la mort, un purgatoire pour les fantômes de la vie. Il n’y a rien à faire pour ceux qui ne croient plus en ce monde, ni dieu ni maître pour nous aider, et l’on ne peut pas crier alors à quoi ça sert de courir après une ombre ?

Il faut rêver, c’est la réponse des enfants. Que faire lorsque cela nous est impossible ? Rêver, Joel n’y arrivait jamais, il ne savait qu’observer, égrener, montrer…C’est un oiseau blessé qu’il tient, invisible, contre son cœur. Un oiseau qui ne chante pas, agonise et laisse ses plumes blanches au vent solitaire des amours malheureux. On se pend à nos lunes de misères à présent, et que faire, que faire ?

Que ferez-vous une fois en retraite, Inspecteur ? Lorsque vous n’aurez plus de travail derrière lequel vous cacher ? Peut-être avez-vous pour intention de mourir en service, je ne sais pas… De toute manière ce ne sont pas mes affaires, je parle trop. Ne prenez pas la peine de me répondre…
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyMer 2 Fév - 12:47

Si le chemin lui convenait...oui, peut-être, dans une certaine limite du terme. En même temps, vivre de cette façon lui permettait de ne pas vivre avec plus de culpabilité qu'il ne le fallait. Cette émotion était dangereuse et avait déjà tué de braves hommes du Yard qui ne pouvaient plus se regarder en face. Il avait été lui-même témoin de quelques déchéances, parfois chez les plus jeunes, parfois chez ses aînés. Peut-être avait-il peur, à chaque fois qu'il les revoyait dans sa mémoire, d'être le prochain. L'existence se jouait bien d'eux et si un quelconque dieu habitait là-haut, il devait rire continuellement de l'être humain. Parce que sa vie était bien risible. L'homme naît, vit à moitié et meurt complètement. C'était un cycle on ne peut plus ironique.

Joël philosophait, ils le faisaient un peu tous les deux, mais Lestrade n'avait pas la même sagesse ni la même expérience. Il s'agissait d'une façon nouvelle pour lui de passer son temps devant la tombe, avec un voisin agréablement bavard, pour le moment, et avec des pensées philosophiques quelque peu...définitives. Si être spectateur était ingrat et comédien était se voiler les yeux, alors l'un comme l'autre n'était guère positifs. Les deux positions ne valaient rien. Ils étaient tous soit spectateurs, soit comédiens. Alors quel comportement était bon ? Aucun ? Les deux ?

Un coup d'oeil vers le ciel lui fit souhaiter que les nuages ne deviennent pas trop légion et que la pluie ne tomberait pas avant son retour au Yard. Il ne manquerait plus que ça...qu'au milieu d'un cimetière quasiment vide, deux hommes se fassent impitoyablement happer par la pluie. Encore une ironie de la nature. Pleurer lorsque deux hommes visitaient leur morte. Ils y allaient souvent, Lestrade dès qu'il le pouvait, et parfois ces visites semblaient se méprendre avec celle d'un musée. Comme lorsque l'on reste trop longtemps devant une oeuvre d'art et qu'on finit par en être exalté. Ça arrivait peu, mais ça arrivait. Lui, il restait devant une tombe pendant des heures parfois et il en venait par la suite à se demander où était le sens de tout cela. Pourquoi rendre visite à une morte encore plus muette que l'endroit où elle était enterrée ? Parce que ça lui faisait du bien ? Parfois oui. Présentement non. Parce qu'il n'était pas seul et que décidément, cet homme était doué pour lui faire mal.

Il ouvrit la bouche puis la referma. Inutile de répondre à cela. Inutile même de regarder son interlocuteur. Les paroles sont blessantes. Les paroles sont trop personnelles. Avoir cette impression d'être étudié comme on étudie un livre ne lui plaît pas. Il le supporte au travail parce qu'il n'a pas le choix, que Dieu lui vienne en aide d'ailleurs, mais à l'extérieur, dans cette bulle si chèrement acquise, il n'y arrive pas.

Combien de matin ? Son sourire goûta amer, peut-être parce qu'il n'était plus aussi rayonnant que quelques minutes auparavant. Il était déjà bien fade, mais il avait quelque peu fané maintenant. Il regarda la tombe. Oui, il avait fuit. Elle se réveillait parfois seule le matin et il n'était pas là pour voir sa réaction, pour savoir si ça lui serrait le coeur ou si elle comprenait. Ils n'en avaient jamais parlé. Dix ans. Et ils n'en avaient jamais parlé. Il aimait à penser qu'elle comprenait. Après tout, elle avait accepté de l'épouser en toute connaissance de cause. Elle pouvait tout aussi bien avoir cru que le mariage le garderait à la maison...

De toutes les voix qu'il ne voulait plus entendre, son voisin commençait à en être une. Ses paroles étaient beaucoup trop...il aurait aimé dire déplacées. Elles l'étaient, mais il y avait trop de vérité au fond pour qu'il puisse rétorquer ou se défendre. Il était humain, comme tout le monde et même si en des termes professionnels il avait eu affaire à un criminel cynique s'attaquant à son ménage, il n'aurait guère réagit, en des termes normaux: celui d'un vieillard retraité lui parlant, c'était différent. Un homme sans lien avec lui-même, sans lien avec sa femme, mais qui semblait extrêmement prompt à sortir les vérités enfouies. Il eu envie, un moment, de laisser l'agacement le submerger. La vengeance a bon goût lorsqu'elle est bien montée, mais il abandonna assez rapidement l'idée. Ce n'était pas le moment, devant sa tombe, de jouer les idiots. Bien que l'idée que cette voix cesse n'était pas désagréable.

C'était à se demander s'il n'avait pas une quelconque parenté avec Sherlock...

Il se calma rapidement après avoir lu et relu ce qui était marqué sur la tombe d'Emily. Simplement pour évacuer. Comme il l'avait dit, il ne prendrait pas la peine de répondre.


« Parce que vous-mêmes trouvez cela facile peut-être ? Elle ne vous manque pas à quelques détours d'un couloir ou d'une rue ? Là où elle avait l'habitude d'aller avec, peut-être sans vous, mais là où vous pouvez en avoir le souvenir tout de même. »

Sa voix était égale. Ni sèche, ni douce.

« Et si vous n'avez pas déménagé, la maison ne vous paraît-elle pas vide et fade ? »

Il haussa finalement les épaules avec le même air qu'il avait utilisé, un jour où il avait finalement avoué à John qu'il ne restait auprès du jeune détective qu'en désespoir de cause.

« Soit vous êtes plus inhumain que vous ne le laissez paraître, soit vous vous laissez vivre dans votre tristesse, soit je ne suis pas le seul à fuir. »

Peut-être avait-il réagit au quart de tour, mais il était comme ça. Il finit par secouer la tête.

« C'est ridicule. » dit-il pour lui-même.

Il parlait là de leur petite altercation à laquelle lui-même avait répondu. Il n'y avait aucun lieu de s'attaquer chacun de leur côté et si Joël semblait le faire froidement – comme s'il n'enchaînait qu'une série d'analyses – lui l'avait fait plus brutalement sans pourtant qu'un changement ton ne fusse audible. Pourtant, il n'en voyait pas le but. Ils souffraient, c'était clair. Souffraient-ils assez pour se venger ailleurs ou l'un ne se rendait simplement pas compte que ses mots blessaient ?
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyJeu 3 Fév - 17:36

Out of my life, out of my mind
Out of the tears we can't deny
We need to swallow all our pride
And leave this mess behind


Ce vieux chien policier là devant lui menaçait de mordre. Joel le considéra froidement, les mains dans les poches. Il commençait à faire froid, Helen aurait enfilé un gilet avec un demi juron concernant ce temps de chien… Sa voix lui manquait, de temps à autres il actionnait le répondeur automatique du téléphone –l’un des seuls objets modernes de la maison qu’il sache faire marcher- pour l’entendre : « Bonjour, vous êtes bien chez les Belsph, nous ne sommes pas disponible pour le moment mais laissez-nous un message et nous vous rappelleront. A très bientôt ! ».
Londres, triste Londres aux toits de suie et aux larmes d’argiles…

Elle me manque à chaque inspiration que je prends et il y a beaucoup de choses que je regrette. Mais mes remords ne peuvent plus rien faire pour elle, ce qui est mort est mort. On préfère se soucier de ce qui est enterré plutôt que de chérir des souvenirs, en cela nous sommes idiots.

Le professeur resta muet sur tous les faux espoirs qui l’accompagnaient, qu’il entretenait à chaque nouveau jour de deuil. Comment expliquer qu’Helen avait toujours été la première à se lever le matin ? Lorsqu’il ouvrait les yeux, c’était au bruit de la douche. Le temps qu’elle finisse de se préparer, lui il mettait la table pour le petit-déjeuner, comme un ballet bien organisé.
Depuis sa mort, Joel conservait ce semblant de rituel. Il se levait, allumait la douche et partait mettre la table. Pour une personne. Au début il continuait à mettre deux bols, deux cuillères, deux tasses…comme pour espérer voir un quelconque signe de la présence de la morte. Rien, évidemment…
Le bruit de l’eau l’accompagnait lors de ses petits déjeuners solitaires. Il l’empêchait de réfléchir, de penser et c’était là tout ce dont l’homme avait besoin.

Gardez votre rage pour tous les criminels que vous poursuivez, Inspecteur..

Stigmate de longues années d’enseignement, Joel possédait toujours un ton n’admettant aucune réplique. Une voix un peu trop forte aussi, qu’il n’arrivait pas à moduler. Ce qui l’avait rendu si mauvais acteur, ce qui avait séduit sa femme aussi… Il n’était pas homme de mensonge, ne le serait jamais. Les paroles de Lestrade amenèrent un sourire tordu d’écorché vif sur son visage, ça aussi il avait toujours eu du mal à le faire convenablement. Il ne releva rien des attaques de l’autre homme, chacun possède en soi sa propre vérité après tout. Inhumain, il ne savait pas, triste il ne pouvait le nier, fuyant….toute sa vie il l’avait été ! Le propre de l’homme peut-être, le propre du vivant.
Il haussa les épaules, perdu dans une quelconque réflexion, et regarda la tombe d’Helen. Elle ne reviendrait pas et lui, lui il resterait seul jusqu’à ce qu’enfin il puisse fermer les yeux à son tour.
Du moment qu’il pouvait lui apporter des fleurs, tout irait bien ? Tout était question de choses à faire et à ne pas faire, tant qu’il serait capable de régler sa vie comme du papier à musique en s’imposant des actions précises pour chaque jour de la semaine, Joel pensait pouvoir échapper à la folie qui avait bien failli l’avoir pendant de longues années.

Je ne suis pas votre ennemi. J’ai juste une malédiction pourrait-on dire, un esprit un peu trop tranchant qui fait que je me coupe autant que je coupe autrui avec mes mots. Prenez cela comme les divagations d’un fou, mon ami…. J’ai passé l’âge d’être intelligent.

Un ricanement de vieux loup, le même genre de bruit qu’un fantôme traversant un cimetière. Comme une chaîne rouillée, comme une vie passée, comme un soupir retenu, comme un mari sans femme, comme une femme sans vie.
Brusquement l’idée de rentrer chez lui, dans cette grande maison vide, dans ce triste tableau sans couleur, lui parut insupportable.
Il avait besoin de vie, d’animation, il ne savait pas où la trouver. Au final le résultat était le même : un gros silence dont on ne pouvait se défaire. Joel Belsph était devenu un triste prince de brume dans une ville d’ombre et de sang. Quel autre choix alors sinon celui de devenir invisible, de s’effacer petit à petit face des siècles et des années que l’on ne comprend plus ?
Il ne reste que les mots, les mots qui ne lient pas, jamais… On en use, on en abuse mais surtout, on ne comprend pas.

Il n'y a jamais rien de ridicule, la vie est juste la vie. C'est nous qui nous efforçons de la considérer comme trop comme ci ou trop comme ça. Nous sommes un peuple qui ne peut vivre sans adjectif, nous pensons que cela remplace les sentiments. L'homme est ainsi, à vouloir maîtriser des choses qu'il ne comprend pas vraiment. La farce est qu'il ne sait absolument rien de son ignorance... L'homme n'a pas besoin de sentiment ou d'adjectif, Lestrade. L'homme a besoin d'yeux pour observer, pour comprendre lorsque l'on doit rire, lorsque l'on doit pleurer. Malheureusement notre société est faite de faux semblants, les enfants ne peuvent plus apprendre... On ne sait pas quoi faire pour les aider. On ne sait pas et on ne veut pas.

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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyJeu 3 Fév - 18:36

Il ne voulait même plus écouter. Il avait beau se dire que ce n'était pas nécessaire de se battre verbalement devant les tombes de leurs épouses, il n'aimait pas réellement ce qu'il avait entendu. C'était agaçant et agressant. Des paroles quasiment injustifiées. Il lui semblait que c'était un réflexe chez les gens reclus d'envoyer balader toutes personnes qui entraient dans leur monde, même si ce n'était que pour quelques secondes. Cet homme lui en rappelait un autre et cette simple pensée parvenait à faire grincer ses dents. Ça le suivait partout. Jusqu'au cimetière même. Quoi de plus ironique ? Il regarda le nom d'Emily quelques instants.

« Ce n'est pas de l'idiotie, c'est être humain. Vous pourrez me sortir que l'être humain est idiot et même si dans un certain sens vous avez raison, je vous dirais de vous retenir cette fois. Prenez votre tristesse et vos manies comme vous le voulez, mais je ne vois pas en quoi ce soit réellement stupide. Chérir leur souvenir est revivre des moments de notre vie qui nous manquent. Le manque fait souffrir. Se soucier d'une chose c'est se soucier de l'autre. Réfléchir sur la mort et l'amour avec sa tête n'est pas toujours de la plus grande efficacité. »

Il regardait le ciel qui s'était un peu assombrit depuis et qui menaçait de leur tomber dessus n'importe quand. Il était content de toujours avoir sur lui son long manteau. Il ne le quittait pas. Ça lui évitait de devoir passer par la maison durant la journée lorsque par hasard la météo devenait mauvaise.

Il décida d'ignorer délibérément ce qu'il aurait très bien pu prendre pour une provocation de la par de son vis-à-vis. Il ne servait à rien de se battre avec lui. Premièrement, ce n'était pas le meilleur exemple à donner en tant que représentant de la loi. Inutile aussi de réitéré la demande d'abandonner l'Inspecteur dans un endroit comme celui-ci. Il essayait de son mieux de séparer travail et visite au cimetière. Donc vie et visite au cimetière. Il ne s'était pas présenté en tant qu'Inspecteur, mais en tant qu'homme et l'autre le reléguait à chaque fois au concept de chose qu'il était. Une chose du gouvernement même, mais il l'était en connaissance de cause et pour la bonne cause.

De plus...la voix de Joël lui rappelait celle de ses supérieurs lorsqu'il venait d'entrer au Yard, celle de son père indirectement, celle de tous les hommes s'étant un jour trouvés au-dessus de lui. Ses professeurs aussi. Il se demandait s'il s'agissait du métier de son interlocuteur ou bien s'il avait tout simplement eu cette intonation naturellement.

Il secoua la tête.


« Je ne le prend pas comme des divagations. Je le prend juste comme les paroles d'un homme qui, s'il en a déjà fait, ne fait plus l'effort de retenir ses mots. Ça n'en vaut plus la peine de toute manière, puisque, habituellement, une tombe ne peut rétorquer. »

Il n'était pas réellement agressif. Peut-être un peu...las. Il répondait comme pour une autre personne et sincèrement, ça ne lui allait pas bien. Il soupira. Un peu à cause de Joël, un peu pour exhaler sa propre souffrance. Qu'il planquait quelque part, bien à l'abri des regards. En posant son regard sur le vieil homme un moment, il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'il avait là sa raison pour ne jamais révéler quoi que ce soit ou laisser sortir quoi que ce soit sur sa vie privée devant Sherlock. Parce que le détective était bien à même de remettre le tout dans une base robotique encore pire que celle des Inspecteurs du Yard. Il s'accroupit près de la tombe d'Emily et passa une main dessus pour y évacuer quelques feuilles, brindilles ou autres qui pouvaient s'y être déposés. Joël parla...encore...et Lestrade se tourna vers lui, sans pourtant se relever, la main appuyée sur la tombe pour plus d'équilibre.

« Dites-moi...vous ne connaîtriez pas un certain Sherlock Holmes par hasard ? »

Question qui était sortit dans une bouffée d'agacement totale. Il avait décidé de passer outre le discours complètement déprimant de l'aîné, mais pas le ressemblance trop significative entre deux personnes. Tant pis s'il ne le connaissait pas, mais sincèrement, il commençait à douter. Si c'était quelqu'un sans rapport avec son jeune collaborateur, il s'excuserait simplement et ça s'arrêterait là.

Peu de gens avaient cette habitude complètement inhumaine – dirait-il avec un petit peu d'exagération – de tout réduire à l'analyse. L'humain avait des émotions. L'humain pouvait observer, mais ce n'était pas ce fait qui aider le monde à savoir quand pleurer et quand rire. C'était une réaction spontanée.

Il ne le lâchait pas des yeux, calme certes, mais passablement exaspéré.


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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyVen 4 Fév - 0:50

Dance me to your beauty with a burning violin
Dance me through the panic till I'm gathered safely in
Touch me with your naked hand or touch me with your glove
Dance me to the end of love


Pour les merveilles qu’il a vu, pour le savoir qu’il a bu, pour les enfants qui l’ont ému, pour la froideur de la pierre nue, pour le cœur qu’un jour il a eu… Pour tout cela, pour les lois du monde, pour ces secrets de sphinx que sont le cœur des hommes, pour ces sphinxs sans secrets que sont les yeux des femmes, Joel ne croyait pas en l’idiotie.
Oui, l’idiotie n’était que l’amie imaginaire de la folie, les hommes possédaient en eux un mauvais génie prêt à leur chuchoter bien des choses, et nul n’avait le pouvoir de totalement se soustraire à ses paroles. Car toutes, même les plus mauvaises et impensables, étaient parfaitement compréhensibles… Si l’idiotie existait, elle nous en masquerait le sens, ce n’était pas le cas.

On ne se souvient jamais de ce qui est important, l’homme est une faible chose aussi bien mentalement que biologiquement. C’est vous qui parliez de stupidité tout à l’heure, c’est vous qui avez lancé ce mot comme cela, comme une condamnation. La stupidité, c’est l’idiotie et l’idiotie…hé bien monsieur ce n’est qu’un mot ! Oui, une légende inventée par les hommes pour se défaire de leurs responsabilités, pour s’excuser d’avoir mal agi… Tout n’est que signes et mots dans l’univers. Pourquoi réfléchir sur l’amour, sur la mort ? Il y a des définitions simples dans le dictionnaire qui nous en donnent les réponses. L’amour et a mort sont des lettres, des mots. L’Amour et la Mort sont plus que des concepts, ce sont des gestes. L’Amour c’est un baiser, c’est une étreinte, la Mort c’est une maladie, c’est un meurtre… Tout autant qu’il faut des lettres pour lire un mot, il faut des signes pour lire ce qu’il y a derrière le mot. Apprendre à reconnaître les pensées d’un homme avec non pas ses sentiments, mais ce lange si particulier que seul le corps peut posséder, apprendre à reconnaître aussi facilement les traces dans un environnement que nous sommes capables de reconnaître une signature au bas d’une lettre…

Joel n’était pas un homme sans émotion, sans sentiments, mais il avait toujours cru bien plus aux gestes qu’aux mots. Peut-être cela était-il du au fait d’une enfance avec peu de chaleur humaine pour le faire grandir et trop de livres pour l’entourer ? Nul ne peut savoir véritablement ce qui construit un homme, mais les faits étaient là et des convictions bien précises s’étaient ancrées dans l’esprit acéré du professeur, d’années en années.

Poliment, il écouta Lestrade aller jusqu’au bout de ce qu’il avait à dire. Fatigué, blasé, l’homme se faisait apôtre de l’enseignement des trois singes : un singe pour se voiler les yeux, un singe pour clore sa bouche, un singe pour boucher ses oreilles. Parce qu’il n’y a personne pour répondre, personne pour vraiment écouter… personne pour observer ?

Oui Inspecteur, une tombe ne rétorque pas, mais une femme le fait tout comme un enfant. Je ne parle pas pour m’écouter parler.

Le professeur tourna les talons, tête baissée sur son ombre, comme pour partir vers on ne sait quel champs de ruine. Trois pas, c’est la distance qu’il fit et qui désormais le séparait de Lestrade. Comme pour offrir au policier, un instant d’intimité avec le souvenir de sa femme. Il ne se retourna pas pour le regarder, contrairement à l’autre homme. Mais il ne partait pas non plus. Le visage tourné vers la terre et les graviers du cimetière, il tâchait de ne pas réfléchir.
La question vint, il ne tressaillit pas.

Quelle pitié Inspecteur, que vous lanciez cela sur le ton de la plaisanterie et non pas suite à quelques déductions…

Un élan fugace d’affection lui brisa le cœur tandis que le nom de Sherlock résonnait encore dans son esprit. Les frères Holmes, ces enfants sans chaleurs, ces princes sans contes de fées, ces rois sans royaumes, ces hommes sans cœurs, ces fils qui un jour furent sans père mais maintenant, ne l’étaient plus vraiment. Des orphelins sans tristesses, des hommes de morale sans lois, des élèves sans leçons…

Sherlock est bien mon garçon, celui que vous avez aidé un jour… Oui, en effet…

Et qu’y a-t-il à dire de plus face à cela, que l’herbe est verte et que le ciel est bleu ? Le vent n’apporte aucune parole, la vie n’amène aucun secret.
Joel se demanda si Sherlock bouderait en apprenant qu’il avait rencontré l’inspecteur, le caractère de son protégé était tel qu’aucune de ses réactions n’était prévisible. Il espérait cependant ne rien faire pour malmener le mental d’écorché vif du jeune homme. Enfin, il se retourna pour regarder Lestrade…
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyVen 4 Fév - 18:04

Il ne bougea pas. Lorsque Joël partit de nouveau sur sa lancée, il resta dans la même position, ne sentant pas encore l'engourdissement dont serait victime, bien assez tôt, ses membres inférieurs. La main posée sur la tombe commençait lentement à ressentir le froid de la surface rude sous elle, mais il la laissa là, comme si elle n'était plus qu'un allongement inutile de lui-même. Cette conversation lui drainait le peu d'énergie qu'il emmagasinait à chaque jour. Il en avait de plusieurs sortes. L'énergie pour les enquêtes, l'énergie pour ses collègues, l'énergie pour la paperasse et l'énergie pour Sherlock. Cette dernière jauge se vidait tranquillement, mais pas à cause du jeune détective cette fois, loin de là. Il était innocent dans cette affaire, aussi rare cela soit-il. Le coupable se tenait devant lui avec des paroles trop grandes et un regard souffrant.

Lestrade n'était pas plus sot qu'un autre. Il voyait bien que cet homme souffrait au même titre que lui. Probablement plus que lui - il semblait tout de même avoir un minimum d'humanité malgré ses observations froides et objectives.


« Je parlais plutôt du ridicule de cette joute verbale devant les tombes de nos mortes. Il ne nous sert à rien, ici et maintenant, de débattre la façon dont nous les percevions lorsqu'elles étaient vivantes, tout comme le fait de débattre la peine et notre voie pour la contrer. »

Il n'avait pas bougé non plus lorsque l'aîné avait tourné les talons, mais se releva finalement lorsque ses jambes ne supportèrent plus le poids mal équilibré du corps. Il s'aida quelque peu de la tombe puis enfouit les mains dans les poches de son manteau, avec un simple regard pour son interlocuteur, puis un autre pour l'ensemble du cimetière s'étalant à sa vue. Il ne savait plus trop quoi penser et savait maintenant que dès son retour à la maison, sa réflexion commencerait. Dans le noir de sa chambre à coucher, les yeux sur le plafond, il repasserait sans doute dans sa tête les images de cette scène des plus étranges. Il n'aurait jamais pu prévoir rencontré un homme de la sorte dans un tel lieu. Rencontrer Sally ou toutes autres personnes de sa connaissance ne l'aurait guère surpris...mais lui...c'était une autre histoire.

Il n'était pas accoutumé aux discussions philosophiques. Ne les dénigrait pas non plus bien évidemment, mais n'en faisait pas la pratique quotidienne. Il lui semblait alors que ses mots, moins pesés et réfléchis, sonnaient maladroits et enfantins à côté des paroles que laissait couler Joël. Ce n'était pas sans apprentissage. L'élève pouvait bien s'insurger contre le maître, mais au fond, une partie des enseignements finissaient toujours par s'infiltrer à l'intérieur de l'inconscient. On n'y pouvait rien. Lestrade non plus.

Ce qui aurait pu être une pique pour n'importe qui d'autre se révéla moindre pour l'Inspecteur qui soupira.


« Ce n'est pas tout le monde qui peut enchaîner les déductions ainsi. »

Il n'irait pas plus loin dans son argumentation, ça ne valait pas la peine. Lorsqu'il eu confirmation de sa plaisanterie/doute/questionnement – barrez mention inutile – Lestrade retint un soupir. Il était voué à rencontrer de ces hommes étranges, quasiment supérieur à l'être humain lambda et qui, pour le plaisir d'un mauvais génie quelconque, ne pouvait que réduire les autres à l'état d'inférieur. Il y en a un qui devait rire quelque part. Cette rencontre était une grande coïncidence et il n'y aurait peut-être pas cru si leur conversation n'avait pas autant tourné au sermon et à la vérité intellectuelle.

Ce qu'il appréciait de plus chez Joël par contre, était la présence d'une certaine conscience morale et d'une certaine douceur. Il n'irait pas jusqu'à le féliciter pour cela, mais il s'agissait d'une différence presque agréable. Rassurante par contre.


« Aidé... »

Avait-il réellement aidé Sherlock ? Il avait surtout peur d'avoir donné à ce jeune homme la porte d'un monde beaucoup plus dangereux. Pour la société et lui-même. Qui savait de quoi était capable son jeune protégé ? De tout. Du meilleur comme du pire. Il était capable de résoudre les pires énigmes qui le laissait pantois et au désespoir, mais Sherlock avait le génie, il pouvait, n'importe quand et sans un signe, devenir les hommes que Lestrade recherchait et coinçait grâce à lui. Un cadeau empoisonné qui pouvait détruire à tout moment la vie du gamin. À tout moment. Aussi imprévisible que la bête elle-même.

« J'ai plutôt donné une arme à un gamin qui ne le sait pas encore... »
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Joel Belsph
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptySam 5 Fév - 13:43

Il fallait choisir une route,
Alors on a choisit la pluie,
Acide à s'en brûler le coeur,
Pourvu que planent les esprits.


Aux illusions perdues et aux enfances déçues, Joel n’avait rien à offrir. Il secoua la tête dans le vent de septembre, fermé à tous les secrets de la vie. Ce goût aigre dans la bouche du policier, celui de l’adulte avec trop de responsabilité, il ne pouvait rien faire pour le lui enlever. Car le cœur des hommes est aussi arides qu’un sol rocheux, et cela contamine tant de mondes… Il n’y avait rien à faire pour lutter, le seul moyen de retrouver un bout de ciel bleu était de se construire notre propre morale et d’aider nos enfants à la voir également. Alors, petit à petit, un édifice plus grand se construit pour l’humanité, le travail est sans fin cependant. Arrêter le crime, protéger ceux qui en ont besoin… Le professeur en eut la violente acuité : il y a un peu plus d’un siècle, tout se passait déjà comme cela. Une police débordée, des guerres dont il faut revenir, des hommes qu’on ne peut pas comprendre, qu’il nous faut arrêter et puis des meurtres. Tant de meurtres…
Un gigantesque Uroburos, voilà l’humanité ! Serpent écailleux, luisant et immonde qui nous fait croire au changement avec ses mues régulières, mais au final non, il ne fait bien que se mordre la queue. Et cela convient tellement bien aux aveugles qui ne remarquent rien…

Comme vous vous trompez, Inspecteur… Sherlock est parfaitement conscient de cette arme qu’il possède. Vous lui avez donné la possibilité de l’utiliser dans le meilleur but qui soit, n’est-ce pas extraordinaire ? Ce jeune homme ne comprend pas grand-chose aux humains, il s’attache parfois mais peu souvent, à l’écart de tout, souvent en proie aux brimades des autres il accepte cependant d’aider autrui en résolvant des crimes. Il prend cela comme un jeu pour son esprit génial, certes, mais il le fait… N’y avez-vous jamais pensé, Inspecteur ? A chaque fois que vous l’appelez, Sherlock vient et ce malgré ce qu’il trouve dans votre entourage. Il vient malgré les mots déplaisants des autres policiers qui le traitent comme… ah, je ne sais pas vraiment comme quoi, je ne suis pas là avec vous, mais même pour lui cela doit être déplaisant.

Sa voix avait enflé, émotive. Le professeur n’accusait pas l’autre homme, ça ne servait à rien, mais les sentiments forts et sincères qu’il éprouvait pour son jeune protégé prenaient le dessus. Joel n’en avait pas conscience lui-même, mais au fond de lui il n’était qu’un énorme papa-poule…

Je suis fier de lui, on ne peut plus fier… et heureux qu’il puisse s’épanouir sous votre surveillance. Vous êtes inquiet cependant, cela se comprend… Vous n’êtes pas le seul à garder un œil sur lui, cette tête de mule.

D’ailleurs, cela lui faisait penser…. Frénétiquement, l’homme regarda dans ses poches, où était son porte-feuille ? Ah, voilà ! Le cuir usé montrait une vie bien remplie, à l’intérieur de l’argent, des papiers importants, quelques photos dont certaines de jaunies, de quoi meubler une existence. Il prit un petit bout de papier avec ses coordonnées –avant il les distribuait à chaque début et fin d’année scolaire à ses élèves, s’ils voulaient rester en contact- et le tendit à l’inspecteur.

Mon numéro est là-dessus si vous avez besoin. Notre ami commun n’est pas des plus faciles à gérer, je serai ravi de vous aider s’il vous arrivait de trop peiner à lui faire entendre raison sur quelque point. N’ayez pas peur de me déranger…

Sourire de loup fatigué, sourire de vieux capitaine au port regardant les bateaux s’éloigner. Un rayon de lumière perça à travers les nuages, peut-être qu’il ne pleuvrait pas finalement ? Ici, impossible de savoir… C’était ce qui rendait les habitants de Londres si lunatiques !

Les tombes restaient silencieuses, évidemment. Helen n’avait jamais été une grande bavarde, elle écoutait en silence, les yeux posés sur vous. Un peu comme lui, entre eux cela avait bien plus été des échanges de regards fugaces que de longues conversation. Maintenant, elle avait fermé les yeux…

Merci en tout cas de vous occuper de lui ainsi… Merci mille fois

En dehors de Mycroft, en dehors de lui-même, Sherlock avait malgré tout des gens pour veiller sur lui. Lestrade bien sûr, et puis ce nouvel ami qui écrivait ses aventures : Watson. Sherlock n’avait jamais été seul, mais il s’était toujours senti seul. Cependant, Joel ne doutait pas qu’un jour cet esprit changerait à son tour…
Peu importe le mauvais caractère de son garçon, il restait fier, tellement fier de lui…
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyMar 29 Mar - 0:24

Avait-il jamais eu leçon de vie aussi directe ? Non. Du moins, pas depuis la mort de son père, mais ce n'était strictement pas la même chose. Habituellement, personne ne lui parlait autant de ses torts dans ce qu'il disait. Peut-être parce qu'il était leur supérieur et non un humain égal ? Alors que tous étaient supposés l'être. Lestrade n'y pouvait rien à la hiérarchie et même s'il avait monté les échelons, il était quelque peu fier d'avoir réussit à garder une certaine humilité. En écoutant Joël et l'émotion qui perçait dans sa voix – ce qu'il devait y tenir à ce gamin... - Lestrade était capable d'apercevoir les détails qui parfois lui échappait. Il était humain certes et plus ancré dans la société, mais il faisait assez souvent preuve d'une maladresse avec les personnes dont l'être et la complexité pouvaient lui échapper. Sherlock était malheureusement une de ces personnes.

Tournant le regard vers Joël, il ne put que se rappeler les commentaires, les regards, les soupirs. Pourtant, ils obéissaient tous – peut-être était-ce là ce qui l'empêchait d'y faire réellement attention. Même si peu de gens au Yard n'aimaient la participation du jeune Holmes, tous faisaient ce que Gregory demandait, mais il y avait toujours un indice de leur désaccord. Il s'y était habitué avec le temps. Facile quand ça ne s'adressait pas à soi-même.

Au fond...réfléchir avant de parler, ça ne ferait pas de mal.


« J'y ai déjà pensé...mais vous le comprenez mieux que moi et avez sans doute la capacité de voir au-delà de ce qu'il me présente. La relation de Sherlock Holmes avec le Yard n'est pas des plus simple et il s'agit d'un fait tout à fait regrettable. »

Il n'y pouvait pas grand chose. Sherlock n'était pas un homme très accessible et ses agents étaient des plus exécrables. Lestrade avait besoin du plus jeune sur les questions judiciaires, mais il n'était pas non plus assez proche pour pouvoir réellement veiller sur lui. Il ne pouvait que lui offrir des enquêtes, il ne pouvait que lui offrir des énigmes. Il ne savait même pas si ce partenariat était réellement sain. Que ce ne soit pour l'autre ou pour lui-même.

Il ne répondit pas, mais son regard ne quitta pas son interlocuteur des yeux alors qu'il fouillait frénétiquement dans ses poches. Même sa déformation professionnel ne le fit guère broncher. Un homme comme Joël n'allait très certainement pas sortir une arme après une telle conversation. Ainsi donc il le laissa en paix, malgré une très légère curiosité qui fut finalement effacée par une réponse. Il prit le bout de papier qui chemina d'un porte-feuille à un autre. S'il l'avait déposé dans ses poches, il aurait très certainement finit dans la machine à laver, dans les poubelles, enfin, n'importe où sauf là où il devait.


Il inclina légèrement son corps en réponse et politesse.

« S'il m'arrivait de rencontrer une telle difficulté, j'y penserais. Peut-être le côté humain de la question vous sera d'ailleurs plus simple à vous qu'à moi. Merci. »

Puis, les remerciements coulèrent. Mais pourquoi ? Veillait-il réellement sur ce gamin ? Il ne le pensait pas. Il espérait simplement qu'il ne fasse plus de bêtise qu'il n'en avait déjà fait. Peut-être ne voulait-il pas s'avouer qu'en fait son inquiétude allait parfois bien au-delà de cette simple façade assez inhumaine. Malgré son caractère, Sherlock n'était ni un robot, ni un monstre. Pourtant, même s'il se sentait concerné, ça ne l'empêchait pas de se prendre la tête avec le civil.

« Je ferais de mon mieux... »

Une simple vibration à sa ceinture le fit quasiment sursauté. Lorsqu'il se dirigeait au cimetière, il fermait très rapidement son téléphone et le mettait en mode silencieux. C'était un geste ridicule, mais il était hors de question que le Yard le sonne lorsqu'il allait voir sa femme. À la deuxième vibration, il s'excusa puis répondit, écoutant un moment, puis raccrochant sans répondre. Il regarda vers Joël.

« Merci encore. »

Il inclina le haut de son corps une nouvelle fois.

« Si jamais vous avez besoin de quoi que ce soit... »

Il inclina la tête cette fois, toucha très légèrement le haut de la tombe à sa femme, puis tourna les talons pour s'éloigner rapidement vers le Yard. Il devait y revenir rapidement d'après Sally...
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Joel Belsph
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MessageSujet: Re: Cimetière de la cathédrale [Lestrade]   Cimetière de la cathédrale [Lestrade] EmptyMar 29 Mar - 18:59


Pourquoi, Inspecteur ? Parce que vous, vous ne savez plus comment vous montrer humain ? Il faut réapprendre…

Un sourire amusé, des yeux cependant fatigués. Joel Belsph le regarda ranger la petite carte et parler d’une voix peut-être un peu éteinte. Un peu plus loin, dans un des ifs de l’allée, un oiseau pépia. Ce brusque cri de vie sembla alors délester les alentours d’un vieil enchantement, comme si les couleurs étaient aptes à réapparaître le temps d’un songe.
Tout s’agita un peu plus qu’avant, la poche de Lestrade vibra, l’homme s’empressa de prendre son téléphone après une légère excuse. Il y eut les échos d’une voix, preuve que là bas la vie existait. A quoi est-ce que ça ressemblait déjà la vie ? Joel repensa aux enfants qu’il avait croisé en venant, à leurs cris, à leur énergie… Dans ce monde de tristesse et de douleur vivait également un autre monde : celui de l’espoir, de la jeunesse et des rêves pas encore meurtris, celui des amants qui se croient indéfiniment réunis.
Elle est belle, la vie, lorsque l’on a des rêves plein la tête. Oui, une vie d’une belle couleur orange, comme la terre, comme le jour qui vient, comme le jour que l’on espère et comme le bleu des yeux d’une femme. De sa femme.

Lestrade raccrocha, tout dans son attitude indiquait qu’il allait à présent partir. Joel répondit à son salut le plus courtoisement possible. Il ne répondit rien au remerciement de l’autre homme, il ne répondit rien également à sa dernière phrase. Non, l’ancien professeur n’avait pas besoin de quoi que ce soit, n’ayant que peu ou prou affaire à la police. Il détourna le regard, laissant à Lestrade l’intimité d’un au-revoir à la tombe de sa femme et se concentra sur celle d’Helen.
Oui, les fleurs rendaient vraiment bien dessus….

Peu à peu, la présence de Lestrade s’évanouit jusqu’à ce que l’écho même de ses pas accepte de disparaître. Il ne resta que lui, lui et les morts.
Un peu de silence, beaucoup de mots muets. Pas assez pour s’étouffer avec cependant, et l’on oublie tout juste l’espace d’un petit instant. On oublie la tristesse, on oublie l’être aimé, on oublie notre propre corps, on oublie notre propre nom. On oublie jusqu’à chaque sensation, ne reste que ce vide pour nous étreindre comme un doux poison bien trop lent. Après, les envies de larmes reviennent, et l’on se meurt petit à petit…

Pas de cri, pas de soupirs. Juste le souvenir d’une voix tant aimée mais qui ne reviendra plus, un sentiment d’abandon dont on ne peut se défaire, une douleur qui vous berce aussi tendrement qu’une mère… C’est ce que l’on appelle le deuil. Il faut apprendre à vivre avec. Chaque jour. Et cette leçon ne se retient jamais complètement, quoi que l’on fasse… Il y a toujours un fantôme pour venir nous tenir la main, un spectre d’amour blessé pour vous rappeler des petites pointes de souffrance.

Quand ? Quand est-ce que tout cela s’arrêterait, quand est-ce que la paix acceptera de revenir dans les coeurs, que l’on oubliera la tristesse, que l’on oubliera la vie pour se concentrer sur le futur et non le passé ?
Evidemment, il n’y avait personne pour répondre à cette question. Comme pour beaucoup d’autre. C’est comme ça, il faut vivre avec, même si non, on ne veut plus vivre. C’est comme ça, les gens pleurent plus qu’ils ne rient.

La photo d’Helen le regardait, cette femme qu’il avait aimé toute une vie. Si belle, tellement belle, elle dont il connaissait chaque trait de son visage comme on connaît les variations d’un tendre secret.
Enfin Joel consentit à sourire. Encore une victoire pour aujourd’hui, encore une victoire sur tous ces nuages gris qui l’entouraient, encore une victoire sur le désespoir de la vie.
Alors, avec tendresse, le professeur effleura le marbre de la tombe. Le vent emporta un au revoir qu’il ne rendit pas. Un au revoir pour celle qui était si jolie, qu’il n’oublierait jamais.

Pas forcément apaisé, pas plus triste non plus, Joel quitta le cimetière. Il constata, presque déçu, qu’Anthony ne l’espionnait pas aujourd’hui. Tant pis, ils n’iraient pas boire un verre ensemble à s’occuper en essayant de s’assassiner mentalement. Une autre fois peut-être, à présent il ne lui restait plus qu’à retourner à sa solitude.

Et à retenir ses larmes encore une fois.

Encore et toujours…
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